LE BAR VOLANT

Pour une pinte de bière fraiche!

Quelques jours seulement après le débarquement des forces alliées le jour J, les troupes britanniques furent confrontées à une inquiétude inattendue que l'Etat Major n'avait pas prévue, l’absence de bière au sein de la tête de pont

Le 20 juin 1944, quinze jours après le débarquement, un envoyé spécial de Reuters en relation avec les forces alliées en France alertait les journaux britanniques que la seule libation proposée dans les petits cafés à quelques kilomètres des sites du débarquement était du cidre, boisson moyennement appréciée par les anglo-saxons. :

On a ingénieusement découvert que ces pylônes de bombes sous les Spitfire pouvaient être réutilisés pour transporter des fûts de bière.

Des photos historiques révèlent l'utilisation de fûts de différentes tailles. Lorsqu'elle était transportée à des altitudes plus élevées, la bière était naturellement refroidie et arrivait parfaitement fraiche pour être dégustée.

Cependant avant cette date, de manière discrète, des pilotes ingénieux de la RAF et de l’USAAF avaient pris sur eux de transporter clandestinement de la bière dans le nord de la France, leurs avions étant affectueusement surnommés « pubs volants » par les militaires. Parmi ces ingénieux pilotes la petite histoire retiendra le nom de l'as bien connu Johnny Johnson.

Alors que la nouvelle de cet arrangement avec Arthur King qui fournissait les fûts à Johnson fuita dans la presse, le tenancier ne tarda pas a recevoir la visite d'un fonctionnaire des douanes lui indiquant qu'il aura besoin d'une licence d'exportation pour les livraisons outre manche!

JAMES Edgar JOHNSON l'as au 38 victoires

"Johnny Johnson" fut le pilote de chasse britannique le plus performant de la RAF volant dans le nord-ouest de l'Europe il enregistra 38 victoires aériennes homologuées. Il est aussi le plus décoré avec un DSO avec deux Barres et un DFC, Au moment du débarquement Il commandait la 127e Escadre de chasse composée de trois escadrons de Spitfire canadiens. La petite histoire raconte qu'il fût le premier a expérimenter le convoyage de fût de bière sous les ailes de son Spitfire

La maquette

Il y a quelques années de cela je faisais l’acquisition de la magnifique boite Eduard « Quattro Combo » dédiée au Spitfire Mk IX. Longtemps laissée de côté attendant sagement son tour de venir sur l’établi. L’initiative D2MM consacrée au 80°’anniversaire du  débarquement de Normandie est l’occasion rêvée de monter un Spitfire, et pas n’importe le lequel, celui de Johnny Johnson dans sa livrée « Bar volant » puisque cette version fait partie des 14 décorations proposées dans la boite

Pour le contenu de la boite je vous renvoi a l’article de Scalemate sur le sujet

https://www.scalemates.com/kits/eduard-r0013-spitfire-mkix--1004141

Comme d’habitude chez Eduard la maquette est superbe. Les différences entre les versions de Spitfire pourraient a elles seules justifiées des pages de discutions et beaucoup d’hésitations. Mais Eduard a  penser a tout, il suffit de suivre scrupuleusement la notice pour ne pas se tromper. Une bonne méthode consiste a cocher sur la notice les pièces a montées. La boite fournie en plus des 4 kits, les futs de bière en résine, de la photodécoupe pré-peinte, des roues en résine, des masques pour verrière ainsi qu’un verre a bière sérigraphie RAF (que j’ai malheureusement cassé). J’ai ajouté comme add on des pipes d’échappement en résine ainsi que des canons d’aile en métal tourné. Tout est donc près pour démarrer le montage.

Le montage :

Il commence classiquement par le cockpit. Afin de faciliter la peinture je commence par assembler des sous ensembles. Pour le tableau de bord j’opte pour le décal qui s’adapte bien aux cadrans en relief. L’alternative de la photodécoupe pré-peinte est possible. Pour d’autres pièces je choisi la PE (photodécoupe). Chaque sous ensemble est soigneusement dégraissé a l’alcool puis sous couché en noir Mig « One shoot » Les teintes intérieures du cockpit sont le vert (Humbrol  78) et l’aluminium (Extreme Metal  AK). Les détails sont repiqués avec la peinture acrylique Vallejo. Dans l’ordre voici les opérations de peintures : Sous couche noire-teintes de bases-vernis brillant Tamiya-pose des décals (set MiG)-peinture des détails- micro écaillures avec un crayon AK aluminium -vernis brillant Tamiya-jus a l’huile-vernis de finition satin VMS

Astuces :

  1. Le vernis brillant Tamiya : comme je l’utilise beaucoup pour mes maquettes j’en ai préparé a l’avance une grosse quantité déjà prête a emploi pour l’aérographe qui se compose des proportions suivantes : ¼ X22, ¼ retardateur acrylique Tamiya, ½  diluant Mr Color levelling (jaune)
  2. Assouplir la PE : des pièces comme les sangles du siège nécessitent une certaine souplesse, pour cela je les recuis à la flamme d’un briquet pour les rendre plus malléables. Bien sûr la PE pré-peinte devra être repeinte
  3. Jus a l'huile choix de la teinte: la couleur est généralement du noir auquel j'ajoute un peu de la teinte complémentaire de la teinte de base, ici pour le cockpit en vert le jus sera du noir mélangé avec un peu de rouge

Au final le détaillage reste malgré tout assez visible avec la verrière ouverte et la porte d’accès au poste de pilotage abaissée. Le temps passé en valait donc la peine

Assemblage du fuselage

Contre partie des nombreuses versions du Spitfire proposées par Eduard, le découpage des pièces. Au lieu d’avoir 2 demie-coques a assemblées pour le fuselage il faudra compter avec 6 pièces supplémentaires ce qui bien sûr multiple d’autant les joints d'assemblage qu’il faudra poncer. Vu que la gravure est fine il est donc a craindre qu’elle soit endommager pendant le ponçage sans qu’on le détecte facilement.

Voici donc mon astuce n°4: Pour visualiser la gravure je passe un jus noir Tamiya Panel Line. Je laisse sécher et j’essuie l’excèdent avec un chiffon imbibé de White Spirit .La gravure devient bien visible. Ainsi pendant la phase de ponçage je serai alerter de toute altération de la gravure et je pourrais immédiatement corriger en regravant

Assemblage des ailes au fuselage :

Cette étape est souvent critique et il faut veiller a la fois au respect du dièdre et a l’ajustage qui doit être aussi précis que possible notamment au niveau du raccord karman. En effet tout problème de joint à cet endroit sera difficile a mastiquer

C’est pour cela que je vais provisoirement m’écarter de la notice qui préconise d’assembler les demi ailes (intrados sur extrados avant d’assembler le tout au fuselage) Par expérience je préfère toujours assembler et coller les extrados au fuselage et seulement ensuite coller l’intrados. J’en profite pour affiner de l’intérieur les bords de fuite au niveau des volets

Afin de pouvoir réaliser l’une des nombreuses variantes du Mk IX, Eduard donne le choix concernant le type de bout d’aile. La contrepartie c’est la fragilité de ce collage compte tenu de l’extrême finesse de l’aile. Concernant les volets l’ajustage n’est pas parfait et nécessitera là aussi du mastic

Astuce n°5 : plutôt que de poncer le mastic Tamiya une fois sec, je le lisse avec un cotontige imbibé de Clean Slate Remover 3.0 de chez VMS. La gravure reste intacte

En conclusion la mise en croix se révèle une opération délicate qui réclame beaucoup de soin.

Montage, suite et fin

Le plus difficile du montage étant réalisé, la suite ne pose pas de problème particulier. Les canons du kit sont remplacés par des canons en métal tourné de chez Aber

La verrière est collée au gel acrylique brillant puis masquée avec les masques fournis dans le kit. Avant de passer a la peinture je prépare le montage des futs de bières sur leur supports d’aile. La mise  place définitive ce fera en fin de montage

La sous couche

Préalablement a la sous couche je pulvérise un voile de diluant sur la maquette pour bien la nettoyer. A partir de maintenant il faudra manipuler la, maquette avec des gants latex. Beaucoup de marques proposent des sous couches, la plupart sont efficaces. Ici j’utilise la sous couche « One shoot » gris clair de chez Mig que je dilue malgré tout. Le premier rôle de la sous couche est de mettre en évidence les imperfections du montage. Pour cela une première fine couche suffit. Arès séchage il faut alors mastiquer, poncer et recommencer. C’est souvent fastidieux mais indispensable avant d’aller plus en avant dans la peinture

 

Les bandes d'invasion

Je commence par peindre les bandes d'invasion. Cette opération a base de masquage a la bande Tamiya est assez délicate et fastidieux c'est pourquoi je préfère commencer par cela car je je me rate je n'aurai pas a recommencer aussi le camouflage de base. Les teintes utilisées sont le OFF WITHE de AKRC et le le FLAT BLACK MAT Tamiya.. Il ne faut pas oublier les trappes de train concernées par les bandes

Le camouflage

Je commence bien sûr par masquer les bandes d'invasion au scotch Tamiya

Le schéma de camouflage classique des chasseur de la RAF en 1944 est le suivant: Intrados en Medium Gray ( Mr Hobby C363), extrados en Dark Green (Mr Hobby C361) combiné avec du Ocean Gray (Mr Hobby C362)

La démarcation entre intrados et extrados est faite au scotch Tamiya, pour l'extrados les délimitations sont réalisées en fin boudins de Patafix et patchwork de morceaux de scotch Tamiya

Peinture suite:

Un problème récurent concernant les decals de cocardes britanniques est le bleu trop foncé qui ne correspond pas au bleu anglais. La meilleure solution pour corriger ce problème consiste a peindre les cocardes (intrados-extrados-fuselage et drapeau sur la dérive Ayant déjà fait de nombreux modèles d'avions anglais, j'ai bidouillé un bleu acrylique dont la composition (très personnelle) est un mélange empirique. Le plus long ensuite est le masquage de disques concentriques. Un peu de pratique est toutefois nécessaire pour obtenir un bon résultat. Aussi je déconseille cette technique aux débutants. Une fois la peinture sèche a cœur, je poli toutes les surfaces avec du coton de carrossier bien humidifié pour obtenir un rendu bien lisse ce qui est nécessaire pour la suite des opération.

Pose des décals

Je vous donne une astuce pour la pose des décals: au lieu d'utiliser de l'eau ordinaire j'utilise de l'eau sucrée cela améliore grandement l'adhésion tout en rendant le film support translucide. La suite est classique bien faire épouser les formes avec un coton tige humide puis produit assouplissant. Suit bien sur plusieurs pulvérisations de vernis brillant et après 48h de séchage on peut commencer la phase suivante, la phase de patine.

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6 Commentaires
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Frédéric Triou
Auteur D2MM
1 mai 2024 19h01

Sujet pour le moins origianl: j’ignorais cette histoire … rafraichissante !

ROUINVY
Invité
ROUINVY
1 mai 2024 12h13

Sympa, cette histoire des fûts de bière.

Yannick Christin
Auteur D2MM
24 avril 2024 9h56

voila un élément du débarquement atypique et original. hâte de voir ce que tu vas en faire.

Propeller63
Auteur D2MM
23 avril 2024 16h48

Un joli Spit en approche…A la tienne Airkit et bon montage !

Théophile
Auteur D2MM
23 avril 2024 8h24

Hâte de voir la suite de cette histoire atypique !

Cherasse
Invité
Cherasse
22 avril 2024 18h11

Anecdote que je ne connaissais pas que ce transport de bière par voie aérienne. Plus qu’à découvrir avec impatience ton montage, avec des fûts de bière sous les ailes plutôt original.