Contexte historique et documentation:
Le bataillon de reconnaissance (Pz.A.A.9) arrive en Normandie le 6 août 44 avec ses 25 Luchs fraîchement réceptionnés et sera presque immédiatement détaché de la 9.Panzer Division . Le bataillon formera un groupe de combat (Kampfgruppe Burckhardt) avec le Fallschirm-Pionier-Bataillon 5 et les restes du Infanterie Regiment 728 sous les ordres de l'Etat-Major de la 708.Infanterie Division . On retrouve ce groupe de combat éparpillé entre Domfront et Mayenne, du 08 au 12 août 44. Suite à la percée des Alliés vers Alençon, le bataillon se retire vers le nord . On le retrouve dans les jours suivants à Bagnoles (14.08), La Sauvagère(15.08.), La Coulonche(16.08.), Le Ménil-de-Briouze(17.08.), Putanges (18.08.), Occagnes (20.08.).
Le Pz KpfwII Ausf L « Luchs » que j’ai choisi de monter appartient donc a ce bataillon de reconnaissance. Le Luchs appelé familièrement «le Tigre miniature» a cause de son train de roulement ressemblant a celui de son grand frère, participa activement aux combats. Côté documentation pas grand-chose en fait a part un article sur le sujet dans la revue Batailles & Blindés n°51 et querlques photos de Luchs glanés sur le net.
Etonnant non!
Ne trouvez-vous pas que le chef de char de ce Luchs ressemble a quelqu’un que nous connaissons bien ! (Aucun trucage sur la photo)
Le kit:
Pour voir le contenu du kit vous pouvez consulter Scalemate.
https://www.scalemates.com/kits/flyhawk-model-fh-3002s-pzkpfw-ii-ausf-l-luchs--986017
Le montage ne devrait pas poser de problème vu la qualité incroyable des kits de cette marque FlyHawk
C’est un petit char, qui plus est au 1/72, mais le kit fourmille de détails
Le montage:
Je commence par la caisse en suivant la notice. Des pastilles d’injection sont comblées au cynamastic (préparation maison a base de colle cyano, pigment et talc).Sur le fond de la caisse je colle une pièce métallique (ici une masselotte d’équilibrage de pneu que vous pourrez trouver a profusion sur le parking des garages) pour 2 raisons : tout d’abord lorsque je monte un blindé j’aime bien avoir cette sensation de poids lors du montage, et puis cela me permet de fixer la maquette sur un support ou j’ai collé un aiment.
Une fois les éléments principaux de la caisse assemblés, je trouve le plastique trop lisse et je décide donc de le texturer légèrement (attention ce n’est pas un char russe brut de fonderie !). Pour ce faire je travaille panneau par panneau en passant de la colle liquide que je tapote dans le frais avec une petite brosse usagée dont j’ai raccourci les poils. Une fois sec il est toujours possible de poncer légèrement pour donner encore plus d’irrégularités.
Le train de roulement
Comme à chaque fois pour un blindé c’est le train de roulement qui constitue la partie la plus délicate du montage. Il faut procéder avec méthode en suivant bien la notice qui est plutôt bien faite. Même chose pour les éléments de chenille en plastique noir (non ce n'est pas du vinyle mais bien du plastique, ouf!) leur mise en place respectera bien sûr l’effet de fléchissement des patins (effet de sagging). Pour cela j'utilise des petites cales en mousse extrudée. Je procède par étapes successives de manière a bien laisser le temps à la colle fluide de sécher ce qui suppose de poser maillon par maillon en commençant par le barbotin pour finir par la roue tendeuse. D'abord un côté puis l'autre de manière symétrique.. Voilà la partie la plus difficile du montage est fait C'est vrai que le train de roulement ressemble bien a celui de son grand frère le Tigre
Montage de la caisse terminé
Du fait de la petite taille du kit, il m'aura fallu plusieurs soirées pour terminer cette phase de montage. La PE apporte un plus indéniable même si certaines pièces comme les crochets de levages n'ont aucun intérêt (trop plats).C'est ainsi que le câble d'alimentation électrique des feux de route est réalisé en fils de plomb de 0.3mm. Par contre les grilles sont très belles, il faudra toutefois leur donner une forme courbe et pour cela l'outils roller est parfait Les poignées des trappes moulées sur le kit sont remplacées par du fil de cuivre de 0.4mm. Je me suis poser la question de l'état général de ce blindé sur le front de Normandie. Après quelques recherches historiques, j'ai appris que le bataillon de retour de Russie et en repos au camp de Mailly avait été rééquipé de Luchs neufs avant d'être transférés par le rail jusqu'en Normandie. J'en déduit logiquement qu'ils étaient en parfait état et donc pas de bosses partout ou de garde boues arrachés.
Tourelle et fin du montage
Le montage de la tourelle ne présente pas de difficultés particulière. L'effet fonderie est réalisé de la même manière que sur la caisse en prenant soin de laisser lisse le tour de la trappe du chef de char laissée ouverte, cette partie étant usinée Le canon est remplacé par du profilé rond dont l'extrémité conique à été réalisé en approchant une lames chauffée au rouge puis rectifier à la lime. Le canon est ensuite percé. Les crochets de levage, prévu en PE sont avantageusement remplacés par d'autres trouvés dans la boîte à rabio. Les poignées prévues en PE sont remplacées par du fil de cuivre (gainé vert) de 0.5mm. J'ai ajouter au cul char 2 manilles de levage issues de la boite a rabiot. Enfin je revient sur la caisse pour ajouter sur l'arrière du char l'élingue faite en fil de plomb de 0.5mm rouler a la lime pour simuler la tresse d'acier. Une fois les 2 jerrycan insérés dans leur panier en photodécoupe le montage est terminé
Préparation de la saynète
Avant d'attaquer la peinture du blindé, il convient de commencer la réalisation de la saynète. L'idée est simple, notre char est momentanément arrêté le long d'un chemin du bocage normand. Je commence par définir la dimensions de la saynète. Le défaut que le constate souvent consiste a faire une saynète trop grande. Une règle simple consiste a ce que les dimension représentent 1,5 fois l'encombrement du sujet, ici notre petit blindé, ce qui correspondant a une base de 10cmx8cm. J'ai besoin de 3 types de matériaux:
-du forex de 10mm d'épaisseur pour le socle
--un morceau de plaque isolante polyuréthane pour réaliser les volumes (découpe facile au cutter et collage a la colle blanche)
-de la carte plastique de 2mm pour encadrer les volumes en polyuréthane
Autant que possible il ne faut pas faire une base plane mais plutôt une base avec 2 ou 3 niveaux comme c'est le cas ici. Un premier niveau représentant la route puis un second représentant un fossé et enfin le troisième représentant un talus
Pour effectuer ces différents travaux j'ai une mini scie circulaire proxxon ainsi qu'un coupeur a fil chaud platine thermocut proxxon, un investissement qui permet des découpes précises et faciles
Pour modeler le terrain j'utile un produit VMS très pratique:
Une fois la pate étalée il est très facile d'imprimer les traces des chenilles.et d'inclure des petits cailloux dans le sol encore frais. Vous remarquerez que je m'arrête là pour le moment, la végétation viendra plus tard
La sous couche
La phase de peinture débute toujours par l'application d'une sous-couche. Même si certains maquettistes s'en abstiennent je pense que c'est une étape indispensable Cela permet d'avoir une teinte d'accroche et lorsqu'on passera aux teintes de camouflages on pourra travailler par fines couches sans avoir la contrainte de l'opacité de la teinte. Autre avantage le choix de la teinte de la sous couche, ici un brun oxyde comme sur un vrai blindé allemand, ce qui permet d'envisager ultérieurement la technique du chipping pour les teintes de camouflages
Il existe bien entendu dans le commerce de nombreuses marques. Le primer AK est très bien ( une fois sec il faudra toutefois "dépoussiérer" avec un gros pinceau souple pour un rendu bien lisse) mais par contre le choix des teintes est limité (blanc-gris-noir) Enfin les polyuréthanes Vallejo ou Mig comme dans le cas présent. Petite remarque concernant ces teintes "one shoot" donc a priori ne nécessitant pas de dilution, il s'agit d'abord d'un argument commercial, techniquement c'est source de pas mal de désagréments, risque d'effet peau d'orange et buse de l'aérographe qui se bouche sans arrêt. Je pense donc qu'une dilution est souhaitable et va permettre un travail plus serein. La problème c'est justement celui du diluant la marque n'en ayant pas prévue pour mieux vendre le concept "one shoot" Je vous livre ma recette personnelle qui me donne toute satisfaction: 50% de diluant Mr. Color levelling thinner 400 (jaune) et 50% de liquide lave glace auto.
La teinte oxyde appliqué sur le blindé me sert également pour sous coucher la saynète. Dans la suite de la peinture vous verrez que j'utilise les mêmes teintes (appliquées différemment et aux nuances prêt bien sûr) sur le blindé et le décor. C'est une astuce que j'ai apprise des figurinistes, cela permettant d'avoir au final un ensemble harmonieux.
Le camouflage
Il s'agit du camouflage standard 3 tons en usage dans la panzerwaffe de 1944 à la fin de la guerre. J'utilise le set Mig correspondant a cet type de camouflage. Je commence par la teinte la plus claire pour terminer par la teinte la plus foncée. Le travail se fait à l'aérographe à main levée. Au diluant MiG j'ajoute une goutte de retardateur acrylique. Il est important d'avoir une peinture bien fluide. Malgré tout il faut régulièrement nettoyer la tête de la buse en cours de peinture. Une fois les 3 teintes appliquées je vaporise un voile de la teinte la plus claire( donc ici la teinte sable) pour fondre le camouflage
Premiers filtres
Je m'occupe dans un premier d'améliorer le rendu du train de roulement et des patins de chenilles. Pour cela j'applique un jus bien dilué d'un mélange 50/50 de "WASH" Vallejo.
Patine et vieillissement :
L’étape suivante consiste a poser les quelques décals(4 au total) après avoir passé une bonne couche ( 3 fines couches successives) de vernis brillant Mr.Color SuperClear III et respecté 48h de séchage. Une fois les décals posés et assouplis, nouvelle couche de vernis brillant pour bien les sceller.
Le vieillissement peut maintenant commencer. Compte tenu de la petite échelle il faut vraiment bien doser et ce n’est pas facile. Pour reproduire les écaillures (qui laissent apparaitre la couche d’apprêt brun rouge) j’utilise la teinte Prince August n°822. L’application se fait d’une part avec un pinceau fin et d’autre part avec un tampon de mousse imbibé de peinture et déchargé sur un morceau de sopalain. Pour bien maitriser l’effet il faut y aller méthodiquement zone par zone. Petit a petit l’effet visuel apparait. La patience, tout le secret, est là.
Patine (suite)
La patine se poursuit par le passage d'un jus localisé dans les creux et les angles. Ce jus est un mélange de peinture a l'huile noir ivoire et brun violet de mars dilué au white spirit. On laisse sécher sans se soucier des débordements qui seront ensuite fondus avec un pinceau propre imbibé de white spirit. Ces phases de vieillissement ont assombries les teintes aussi je procède a un léger brossage a sec avec la couleur la plus claire du camouflage. Ensuite je reprend au pinceau fin avec de la peinture Humbrol tous les petits détails (lot de bord élingue etc...). Une fois ce travail terminé je passe un voile de vernis mat VMS.
Fin du décor
Avant d'aller plus loin dans le vieillissement du blindé je termine le décor en y ajoutant la végétation fixée a la colle blanche. Pour la peinture j'utilise les même 3 teintes que celles du blindé
Empoussiérage :
Pour cette étape j’utilise des pigments Mig en mélangeant 3 teintes pour donner plus de richesse au résultat. Une fois les pigments mis en place sur le bas de caisse, il est fixé par le l’essence F appliquée par capillarité avec un pinceau rond. Les mêmes pigments sont utilisés pour la route du décor afin de garder une cohérence dans l’effet recherché. Pour le moment mon décor est un peu anonyme. Je vais donc y rajouter un panneau indicateur pour contextualiser la scène avec l’inscription « Zur Normandie Front »
Derniers effets
Les chenilles ainsi que certains angles de la caisse sont passés à la mine de graphite pour rendre l’aspect du métal mis a nu. A la sortie du pot d’échappement la suie des fumées est reproduite avec du pigment noir
La figurine :
Dans chacune de mes saynètes je mets une figurine afin d’une part de donner l’échelle de la maquette et d’autre part de donner vie dans le cadre d’une situation réelle. Le principal ennemi des blindés allemands durant la campagne de Normandie, venait du ciel. L’aviation alliée omniprésente faisait peser une menace permanente. Ici cette anxiété est rendue par le chef de char qui scrute le ciel. La figurine a été faite en scratch a partir de plusieurs figurines en résine, certains détails comme la commande radio ont été ajoutés en scratch. La figurine est sous couchée avec la technique du noir et blanc puis peinte à l’Humbrol. Les photos sont zoomées et il ne faut oublier que dans la réalité cette figurine ne mesure que quelques millimètre
Ultimes finitions :
J’insère un micro morceau de carte plastique transparente pour simuler l’épiscope de la trappe ouverte du chef de char. Je fixe maintenant le blindé sur la saynète avec du gel acrylique mat (bien plus résistant que la colle blanche) Reste à mettre en place les 2 antennes. L’antenne parapluie est prévue en photodécoupe dans le kit. La figurine du chef de char vient se mettre en place dans la tourelle
Conclusion :
Beaucoup de plaisir à monter ce kit Skyhawk très bien conçu. Pas de difficultés particulières pour la peinture. En me limitant a 3 teintes pour la peinture du modèle et du décor, cela contribue à l’harmonie du rendu final. Cette technique de palette réduite bien connue des peintres et des figurinistes. Je ne saurais que conseiller cette approche à ceux qui éprouvent des difficultés au niveau de la peinture.
Bravo ! Petit petit peut-être mais très sympas.
Très bien réalisé, surtout à cette échelle ..Bravo
Magnifique résultat et très réaliste. Bravo.
Bravo c’est superbe comme ça et un deuxième Bravo pour l’échelle.
Super détaillage pour du 1/72ème. Excellent travail. Faut pas être myope pour travailler des pièces aussi petite. Bravo !
Beau travail, hâte de voir la suite.
Sacré boulot sur une si petite échelle, BRAVO, c’est respectable et avec autant de travail dans le détails qu’au 35, j’ai hâte de voir les mises en peintures et effets.
Admiratif du boulot engagé ! ! ! Bravo
J’aime beaucoup cette échelle, très beau kit
sympa le petit projet pour la ressemble c’est peut être un cousin germain éloigné 🙂
La ressemblance est frappante !
Didier dans un blindé ? Impossible 😉 en tout cas c’est un blindé originale. Merci Airkit.
Un ch’ti teuton, incroyable 🙂