Chers amis,
L’article « DAK vs Forces Alliées » a été écrit afin de mettre en valeur les modèles réalisées sur ce thème par plusieurs maquettistes , sans omettre dès que cela était possible la « petite histoire » dans la Grande.
C'est un exercice vraiment difficile de "faire court" pour raconter l'épopée de la DAK tout en présentant les 18 projets terminés.
Pour rendre la lecture plus agréable, j'ai découpé l'histoire, qui s’étale sur 3 années (1941, 1942 et 1943), en événements majeurs, en l’occurrence les batailles principales.
Chaque épisode est agrémenté de la présentation d'au moins un modèle..
J'ai pris beaucoup de plaisir à faire les recherches nécessaires et à le rédiger ; je souhaite que vous preniez un plaisir identique à le découvrir.
BONNE LECTURE
LE RENARD DU DESERT
[Photos : Source Internet]
Le port de Tripoli, en Lybie italienne, connaît une effervescence inhabituelle. Des nombreux navires et cargos amarrés sont déchargés des matériels nouveaux avec un marquage évocateur : une croix noire. L’agitation qui règne s’entend loin dans la ville et les voix, plus gutturales, moins « chantantes » qu’à l’accoutumée, confirment l’arrivée de troupes allemandes.
Seul un instant, se préparant à rencontrer le général Italo Gariboldi, un général de 49 ans, droit dans son uniforme, ébloui par le soleil d’Afrique et les yeux plissés sous sa visière, s’est tourné vers l’horizon désertique.
L’officier emblématique du 3ème Reich qu’il incarne, ressent-il à cet instant que son destin va se transformer en légende ?
Envoyé par Hitler pour secourir les alliés italiens débordés par les Anglais, il a pour mission de reconquérir la Cyrénaïque et la Libye. Mais son ambition est plus grande !
Le 14 février 1941 débute l’épopée de l'Afrikakorps avec à sa tête celui qui deviendra le plus jeune maréchal de l’armée allemande, l’audacieux général Erwin ROMMEL vite surnommé, avec crainte et respect :
Le « Renard du désert »
Favori d’Hitler parmi ses généraux, vénéré par ses troupes et admiré par ses ennemis, Erwin Rommel « der Wüstenfuchs » et son fameux Afrikakorps doivent soutenir l’allié italien dans son expansion libyenne, et servir la propagande.
Sitôt arrivé, Rommel part en reconnaissance au-dessus du désert à bord d’un avion d’observation, en l’occurrence un Fieseler Storch, un engin qui lui sera très utile.
Fieseler Fi-156C Storch 1/48 Tamiya :
Rommel utilise fréquemment cet avion pour contrôler l'avancement de ses troupes et atterrit souvent près des lignes de front pour s'entretenir personnellement avec les commandants. Cette pratique n'est pas sans risque.
En survolant à basse altitude un bataillon de Bersaglieri, les Italiens surpris ouvrent le feu sur le Storch qu’ils ne connaissent pas. «C’est un miracle que nous n’ayons pas été abattus » Rommel.
Il ne suit pas les instructions d’Hitler qui sont d'attendre le débarquement des renforts et au grand dam de la hiérarchie italienne reprend l'offensive dès que possible.
La force qu'il dirige est minuscule : le bataillon de reconnaissance et un détachement antichar de la 5ème division légère (bientôt renommé la 21ème division blindée). Le reste de la division est toujours en route pour l’Afrique et une deuxième division, la 15e Panzer, n’arrivera pas complètement avant la fin du mois de mai.
Malgré la faiblesse des moyens qui lui sont confiés, il entend non seulement sauver la tripolitaine-ouest de la Lybie, mais aussi repousser les britanniques jusqu’en Egypte. Les véhicules portent le fameux palmier du D.A.K.
Dès la mi-février 1941, avec des effectifs gonflés de faux chars en bois montés sur des Volkswagen, le général Rommel décide d’occuper l’étranglement d’El Agheila. La 5ème division légère passe rapidement à l’offensive et les troupes adverses entament un repli affolé.
Début avril 1941, avec 50 panzers et deux nouvelles divisions italiennes, Rommel surprend le général britannique Wavell, qui était convaincu que le général Rommel n’attaquerait pas avant de disposer d’au moins deux divisions blindées.
La campagne de Cyrénaïque est un véritable triomphe !
Lors de sa tentative pour conquérir l’Égypte, Rommel est bloqué à Masah Matrouk, qui se situe à 200 Km d’Alexandrie, mais sous le coup de l’attaque, les Britanniques se replient dans la plus grande confusion, évacuent Benghazi et, mi-avril 1941, sont chassés de Cyrénaïque à l’exception d’un détachement demeuré enfermé dans Tobrouk.
Le triomphe remporté sur les Italiens quelques mois plus tôt est réduit à néant.
La nouvelle ligne de défense britannique se situe dans le secteur de Marsa Matrouh.
LE SIEGE DE TOBROUK ET L’OPERATION BREVITY
[Photos : Source Internet]
• Le siège de Tobrouk
La garnison de Tobrouk (9ème division australienne renforcée, par une brigade d’infanterie et 50 chars) constitue une menace sur le flanc de toute attaque allemande en direction de l’Egypte et la vaincre constitue le préalable logique à une offensive vers le Nil.
Le 14 avril 1941, le périmètre de défense est percé au sud par les chars de Rommel qui s’enfoncent de 3 kilomètres en direction du port, mais ils sont arrêtés par l’artillerie australienne, puis repoussés après avoir perdu 16 chars sur 38.
Le 16 avril, les Italiens attaquent à leur tour, en vain.
Un nouvel assaut est déclenché le 30 avril 1941, mais le lendemain, les Allemands n’ayant plus que 35 chars, l’attaque est suspendue et le siège de Tobrouk se poursuit.
Le 12 mai 1941, quatre navires provenant de Grande-Bretagne, se risquent à travers la Méditerranée au lieu de contourner l’Afrique, et atteignent Alexandrie avec 238 chars (quatre fois plus que ce dont le général Wavell dispose alors pour la défense de l’Egypte) dont 21 chars légers Mark VIC, 82 chars Cruiser y compris 50 Crusaders) et 135 chars d'infanterie Matilda, ainsi que 43 chasseurs Hawker Hurricane.
Les chars Matilda présentent de nombreux défauts mécaniques, notamment l'absence de filtre à sable pour les moteurs, nécessitant des préparations importantes
• Opération Brevity (15 et 16 mai 1941)
Pour venir en aide aux Australiens assiégés à Tobrouk, le général Wavell, commandant en chef des forces britanniques du Proche-Orient, vise à rapidement affaiblir les forces de l'Axe dans la région de Sollum, Fort Capuzzo et Bardia.
Le 15 mai, sous le commandement de William "Strafer" Gott, la 22e brigade de la Garde et la 7e brigade blindée, alignant 51 chars, reprennent Sollum, la passe d'Halfaya et une partie du fort Cappuzzo. Les panzers de la 5e division légère contre-attaquent et reprennent le fort. Rommel fait alors intervenir les panzers de la 15e Panzerdivision qui rejoignent le Kampfgruppe Herff le 16 mai. Sollum est reprise.
William Gott décide de retirer la totalité de ses forces derrière sa ligne de départ, à l'exception de la passe d'Halfaya qui est défendue par un bataillon de la 22e brigade de la Garde et 9 Mark II Cruisers.
L'arrivée de renforts allemands oblige l'annulation de l'opération après une seule journée de combat.
Le 27 mai 1941, Rommel reprend la passe (opération Skorpion), annulant totalement les gains territoriaux préalablement acquis lors de l'opération pour les Britanniques.
Rommel a pu constater la faiblesse de son dispositif défensif sur la frontière et celui-ci est renforcé, mais les combats ont mis en lumière la vulnérabilité du Matilda face au canon de 88mm allemand qu’il saura utiliser avec une grande efficacité tout au long de la guerre du désert.
Puissant, à vocation initiale anti-aérienne, la mobilité et la capacité de projection du 88 ont été permises grâce au SdKfz 7 (Sonderkraftfahrzeug 7), autochenille de huit tonnes, destiné à lui servir essentiellement de tracteur, mais pouvant aussi transporter jusqu’à huit hommes et une importante quantité de matériel.
Equipé d’un treuil, ce véhicule joue un rôle primordial.
Sd.Kfz7 8 1/35 Tamiya:
L’OPERATION BATTLEAXE (juin 1941)
[Photos : Source Internet]
L’opération, également connue sous le nom de bataille de Sollum, vise à chasser les armées allemande et italienne de l'est de la Cyrénaïque et de lever le siège de Tobrouk. C'est la première fois de la guerre où des forces allemandes significatives se retrouvent sur la défensive.
Le principal souci de Rommel est de nature logistique :
« Malheureusement, nos réserves de carburant étaient terriblement basses, et c'est avec une certaine anxiété que nous envisagions l'attaque britannique à venir, car nous savions que nos mouvements seraient dictés par la jauge à essence plus que par les nécessités tactiques. » Rommel.
Afin d’avoir une vision claire de la situation, Rommel s’appuie sur ses services de renseignement et le 33e Bataillon de reconnaissance équipé de Leichte Panzerspähwagen SdKfz 222 et de motocyclettes DKW NZ 350.
Sd.Kfz.222 1/35 Tamiya :
En ce qui concerne la qualité de ses chars, le général Wavell exprima des doutes sérieux :
« Nos chars d'infanterie sont vraiment trop lents pour une bataille dans le désert, et ils ont subi des dégâts considérables dus au feu des puissants canons anti-char de l'ennemi. Nos crusaders n'ont que peu d'avantage en puissance ou en vitesse sur les chars moyens allemands. Les pannes sont encore trop nombreuses. » Archibal Wavell
Le 15 juin, les Britanniques perdent plus de la moitié de leurs chars dès le premier jour.
Rommel utilise une tactique très efficace :
Les Panzer IV armés du canon de 75 mm avec des munitions explosives et une portée pratique de 2000 m, ouvrent le feu en restant bien au-delà des 460 m de portée des canons de deux livres des chars britanniques. Les dégâts sont minimes sur les chars britanniques, mais ravagent leur artillerie tractée de 25 livres, forcée de se retirer. Les Panzer IV et les Panzer III (canon de 50 mm) peuvent alors se rapprocher en toute sécurité et percer le blindage peu épais des chars Crusader tout en restant hors de portée de leurs canons.
Lorsque les chars britanniques, qui souffrent en plus de nombreuses pannes, tentent de se rapprocher, les panzers se retirent rapidement derrière un rideau de canons antichars et les 88mm.
A la suite de cet échec, Winston Churchill envoie de vastes renforts en Egypte. Tobrouk est renforcée par mer. Le général Wavell est remplacé par le général Claude Auchinleck.
Les Britanniques ont désormais 700 avions et plus de 710 chars (500 chars supplémentaires sont en réserve ou en cours d’acheminement). En comparaison, le général Rommel reçoit peu de renforts d’Allemagne. Il a 120 avions et 200 italiens ; 174 chars et 146 italiens. Par contre, il perçoit des canons antichars plus efficaces et contrôlant le terrain, il peut récupérer les véhicules détruits des deux camps pour réparation ou récupération.
Juste après la défaite des forces britanniques et en l'absence de réserves, l’Égypte s'offre sans défense pour Rommel, mais sa situation critique en matière d'approvisionnement et la menace persistante sur ses arrières que représente la garnison de Tobrouk, le dissuadent d'exploiter son succès.
Dans les airs, les Britanniques subissent des pertes nettement plus lourdes que les Allemands et les Italiens. La principale raison, selon le maréchal Tedder, est le manque d'entrainement des pilotes et la nécessité d'une couverture aérienne constante, impliquant des patrouilles de petite taille.
Pour autant, des pilotes alliés mènent la vie dure à la Luftwaffe. Le 29 août 1941, à bord de son P-40 Tomahawk, l’as australien Clive Caldwell est attaqué par deux 109 au nord-ouest de Sidi Barrani.
CURTISS P-40 Tomahawk Mk.II 1/48
L’un de ses assaillants n’est autre que le célèbre Bf 109 E-7 "black 8" du 2/JG 27 piloté par l’un des meilleurs as de l’Allemagne, le Leutnant Werner Schröer, à qui on a attribué 114 avions alliés en seulement 197 missions de combat.
Bf 109 E7 Trop Eduard 1/48
Lors de la première attaque, Schröer endommage le Tomahawk de Caldwell qui est blessé par balle au dos, à l'épaule gauche et à la jambe. Lors du passage suivant, des morceaux de plexiglass le blessent de nouveau au visage et il reçoit des éclats d'obus dans le cou. Deux obus traversent le fuselage arrière, juste derrière lui, et l'aile tribord est endommagée.
Le moteur prend feu, mais il réussit à éteindre les flammes grâce à un glissement violent.
Malgré les dommages subis par lui-même et par l'avion, Caldwell s'estime "assez hostile" selon ses termes, pour attaquer ses assaillants et il réussit à abattre le second 109 avant d’endommager lourdement l’avion de Werner Schröer, contraint de désengager à la hâte, manifestement très surpris par la tournure des événements.
Il ramène ensuite son épave volante à la base de Sidi Haneish.
Le P-40 est criblé de plus de 100 cartouches de balles, ainsi que de cinq coups de canon de 20 mm qui ont perforé un pneu et rendu les volets inopérants.
Remis de ses blessures, promu au grade de Flight-Lieutenant, à la tête du 250e escadron dans la région d’El Adem le 5 décembre 1941, Caldwell engage une formation de quarante bombardiers en piqué Junkers Ju-87 Stuka et en quelques minutes, il abat cinq bombardiers pour lesquels il se voit attribuer une barre à sa DFC.
L’OPERATION CRUSADER (15 novembre-15 décembre 1941)
[Photos : Source Internet]
Après l'échec de l'opération Battleaxe, les Britanniques ont besoin d'une victoire pour remonter le moral de leurs troupes et de leur population. L'arrivée d'Auchinleck à la tête du front à la place de Wavell change les habitudes britanniques dans le désert. L'opération a lieu après un été sans combat, lors duquel les deux adversaires se sont renforcés.
La Western Desert Force est devenue la VIIIe Armée en septembre 1941 et est placée sous le commandement du Lt General Sir Alan Cunningham qui avait chassé les Italiens de la Somalie et de l’Abyssinie.
Les Britanniques, dont le char Matilda Mark II est devenu obsolète, reçoivent deux nouveaux modèles de chars :
1 - Le nouveau char d'infanterie Valentine
Tank valentine Mk3 1/35 Tamiya
2 - A la fin de l'été, le char léger américain M3 Stuart
Rommel ne dispose d'aucune réserve en chars. Néanmoins, les Allemands disposent d'un nombre élevé de Panzer III et IV, qui sont largement supérieurs à tous les chars britanniques.
PANZER IV F2(G) 1/35 Dragon
Enfin, les forces de l'Axe disposent d'un bon nombre de canons antichars.
Le 18 novembre 1941, alors qu’ils ont une écrasante supériorité numérique, les chars britanniques font encore l’erreur d’avancer en ordre dispersé, par petits paquets, notamment à Sidi Rezeigh, s’offrant aux tirs de canons antichars allemands habilement placés et camouflés.
Tout laisse à penser que l'opération Crusader risque d'être encore plus catastrophique que l'opération Battleaxe. Mais les Britanniques avec leurs alliés (Commonwealth et Polonais) réagissent et infligent aux troupes allemandes de lourdes pertes les obligeant à battre en retraite à Gazala et à abandonner le siège de Tobrouk.
Le 20 novembre. La bataille est rude ; l'arrivée de canons de 88 mm et d'artillerie antichar permet toutefois aux Allemands de rester maîtres du terrain et de repousser les M3 Stuart.
Le lendemain commence une des plus grandes batailles de chars de la Guerre du désert.
M3 Stuart et Crusader contre Panzer, plus les chars italiens de la division Ariete.
Les Britanniques tombent sur le quartier général de l’Afrika Korps et le détruisent.
Le 23 novembre, les Allemands perdent 70 des 160 chars qu’il leur restait, mais le lendemain, Rommel décide d’attaquer les lignes de ravitaillement britanniques dans la zone de Sidi Omar, espérant les contraindre à cesser le combat. Il occupe rapidement le col d’Halfaya. Le gros des chars allemands et italiens n’a cependant pas suivi et faute de ravitaillement, il laisse le temps aux Britanniques de se ressaisir.
Le 26 novembre, le général Alan Cunningham est remplacé par le général Neil Richtie.
Le 27 novembre 1941, le général Rommel renonce à sa contre-attaque et replie ses forces en direction de Tobrouk. L’Afrika Korps n’a plus que 60 chars.
Un char Crusader passe derrière un Panzer IV détruit (27 novembre 1941).
La 8ème armée britannique entame une molle poursuite, laissant les Allemands se replier sans trop de peine jusqu’à Marsa El Brega, sur la côte tripolitaine ; une position idéale pour la défensive. Par contre, les garnisons germano-italiennes isolées derrières les lignes britanniques ont dû capituler. Néanmoins, la liaison avec Tobrouk est rétablie et sa garnison renforcée par terre et par mer.
Enfin, le 31 décembre, Erwin Rommel s’est replié sous la pression britannique et a abandonné toute la Cyrénaïque aux Britanniques.
Ainsi s’achève cette année 1941 en Afrique du Nord.
LA BATAILLE DE GAZALA (26 mai au 21 juin 1942)
[Photos : Source Internet]
Début 1942 Rommel reçoit des renforts en hommes et en blindés et le 21 janvier 1942, il envoie trois fortes colonnes blindées en reconnaissance tactique.
Le même jour va décoller une petite force aérienne pour une mission très spéciale.
Le « Sonderkommando Blaich » ou l’attaque du fort Lamy au Tchad
Les forces spéciales britanniques sèment le chaos derrière les lignes de l’axe et aident les commandants britanniques à concevoir leurs lignes de défense. Il est décidé d’attaquer les extrémités du désert tchadien.
Sous le commandement du capitaine Theo Blaich (riche propriétaire foncier et aventurier en Afrique avant la guerre), une unité aérienne spéciale est constituée pour faire face au Long Range Desert Group et aux SAS dans le désert. Elle est composée d'un He-111 et du Bf-108 Taifun personnel de Blaich qu’il pilote lui-même.
A environ 2 500 kilomètres plus au sud, les Français Libres occupent l'avant-poste de Fort Lamy au Tchad, position d’une importance stratégique capitale pour les Alliés, car il s'agit de la principale enclave intérieure de ravitaillement en provenance des ports et des champs pétrolifères de la côte ouest africaine. C'est également un dépôt d'approvisionnement vital pour les forces spéciales alliées.
Compte tenu de l'offensive prévue par Rommel, il est décidé de bombarder Fort Lamy.
Le 21 janvier 1942, la petite force décolle. Le premier arrêt du bombardier pour faire le plein a lieu sur la petite piste italienne de l’oasis de Hun. Blaich est reçu par le major Conte Vimercati-Sanseverino, officier italien arrivé la veille en Savoia-Marchetti pour apporter de l'essence pour le voyage de retour de l'avion allemand. Il rejoint par ailleurs l'équipage pour le dernier vol au-dessus de la cible.
La petite force repart l’après-midi même.
Bientôt, le fort Lamy apparaît à l'horizon avec son aérodrome et ses gigantesques réservoirs d'essence. 16 bombes de 50 kg sont larguées et explosent dans des entrepôts.
Tout le carburant accumulé, environ 400 000 litres, ainsi que divers types d'huiles et de lubrifiants partent en fumée. Dix avions sont également détruits au sol. Fort Lamy est hors de combat pendant quelques semaines ; c’est vraiment un coup dur car l’essence débarquée à Douala est amenée à fort Lamy par camions sur 1200km de mauvaises pistes praticables qu’une partie de l’année.
C’est un grand succès avec un seul bombardier et le He-111, accompagné du Bf-108, met le cap au nord évitant les tirs anti-aériens des défenseurs surpris. Après quatre heures de vol, il fait nuit et Field One, l'aérodrome de l'oasis, est introuvable.
Les deux appareils se posent dans le désert et l'opérateur radio envoie un SOS signalant la position présumée à environ 120 km au sud d'Agedabia.
Le contact n’est établi que 48 heures plus tard et le général Frohlich ordonne une opération de sauvetage, mais une tempête de sable empêche toute intervention immédiate.
Le mardi 27 janvier, la dernière portion d’eau est distribuée quand, quelques minutes plus tard, apparait un avion de reconnaissance italien. "Nous reviendrons demain et vous apporterons le carburant. Field One n'est qu'à une demi-heure d'ici."
Le lendemain matin, un Ju-52 atterrit sans difficulté avec suffisamment de carburant pour retourner en toute sécurité à la base. La mission est terminée.
Bf 108 B-2 Trop au 1/48 Eduard
La reconnaissance blindée du 21 janvier se transforme rapidement en une offensive et Benghazi tombe aux mains des forces de l'Axe le 28 janvier. Elle se poursuit en direction du port fortifié de Tobrouk.
Allant de Gazala (48 km à l'ouest de Tobrouk) à l'ancienne forteresse turque de Bir Hakeim (80 km au sud de Tobrouk), le front est stabilisé le 4 février 1942, puis Rommel reprend l'offensive pour capturer Gazala.
Le 26 mai 1942, il attaque simultanément les positions britanniques et les Forces Françaises Libres retranchées à Bir Hakeim (la bataille de Bir Hakeim fait l'objet d'un épisode dédié).
La position de Gazala est tenue par 100 000 soldats, soutenue par 849 chars et une très forte artillerie. Mais il y a seulement 320 avions dont 200 utilisables immédiatement.
De leur côté, les forces de l'Axe peuvent compter sur des renforts frais arrivés de Tripoli en février et la capture des dépôts de Benghazi qui leur assure une logistique viable.
Le général britannique Neil Ritchie et son état-major durant la bataille, le 31 mai 1942
L'offensive (nom de code Venezia) combine l'emploi massif de forces blindées et d'infanterie. Alors que les Allemands progressent dans la ville, le 14 juin, les forces alliées battent en retraite et se retirent de Gazala. La ville est totalement occupée le 21 juin 1942.
Les pertes alliées sont très importantes : 35 000 capturés, 15 000 tués ou blessés et 1 188 chars mis hors de combat. En face, les pertes humaines restent relativement « modestes » (5 000 tués), mais les pertes matérielles sont lourdes : 400 chars sont détruits ou endommagés.
Suite à leur défaite, souhaitant protéger Alexandrie, Le Caire et le canal de Suez, les Alliés se replient sur une ligne défensive entre El Alamein, au bord de la mer, et la dépression de Qattara dans le désert.
Il s'agit de la dernière importante victoire de l'Axe sur le théâtre nord-africain, mais avec beaucoup de pertes en blindés qui manqueront terriblement dans les batailles ultérieures.
LA BATAILLE DE BIR HAKEIM (27 mai au 11 juin 1942)
[Photos : Source Internet]
La bataille de Bir Hakeim, du nom d'un point d'eau désaffecté au milieu du désert de Libye, au sud de Tobrouk, est la première contribution militaire d’importance des Forces françaises libres. Elle est pour beaucoup dans la reconnaissance politique par les Alliés du Comité national de la France combattante.
Pendant ces seize jours, la 1re brigade française libre (future 1re division française libre) du général Kœnig résiste aux attaques des armées motorisées italiennes et allemandes (l'Afrika Korps), plus nombreuses. Le répit ainsi gagné par les Français libres permet aux Britanniques, alors en mauvaise posture, de se replier.
L'offensive débute sous de bons augures, le général Kesselring avec son corps aérien, revenu du front de l'Est, opérant à partir des bases de Sicile, fixe au mieux Malte qui entrave le ravitaillement de l'AfrikaKorps.
De plus, des plongeurs italiens ont mis hors de combat deux cuirassés britanniques, ainsi qu'un cargo de la Royal Navy, en rade d'Alexandrie. Le ravitaillement et les renforts germano-italiens s'améliorent alors que les Britanniques sont contraints d'envoyer des troupes en Asie du Sud-Est pour contrer les Japonais.
L'Abwehr a percé les codes britanniques et peut déchiffrer les messages transmis aux attachés militaires américains qui regorgent de précisions sur le dispositif militaire britannique ; il a aussi infiltré un espion au Caire, Johannes Eppler (également connu sous le nom Hans Eppler, John Eppler et Hussein Gaafer) et bénéficie des moyens de surveillance radiotélégraphiques de la compagnie d'écoute (Horchabteilung).
Lire : "La clé de Rebecca" de Ken Follett
Rommel, malgré des moyens très inférieurs en nombre possède l'initiative et ses troupes sont plus mobiles et plus aguerries dans le désert. Il choisit d'envelopper la ligne de front par le sud et de remonter au nord pour séparer en deux la 8e armée britannique du général Ritchie. Convaincu que les Allemands attaqueront directement Tobrouk, le général Ritchie y a déployé le gros de ses forces. Le flanc sud n'est couvert que par deux divisions et trois brigades dont la 1re brigade française libre commandée par le général Kœnig. Le piège semble pouvoir se refermer sur la 8e armée.
La 1re brigade française libre, composée de 3 700 hommes, est une unité hétérogène dont les deux tiers sont issus des colonies et territoires outre-mer. « Elle apparaît comme une étonnante synthèse de la France et de son empire ». Général Yves Gras
L'armement est hétéroclite, mais la grande majorité de l'artillerie est d'origine française, récupérée au Levant, dont 54 canons de 75 (30 utilisés en antichars) et 44 mortiers de 81 ou de 60. La garnison dispose au départ de dix jours de ravitaillement et de vingt mille obus de 75.
Le général Bernard Saint-Hillier décrit ainsi la position de Bir Hakeim:
« Simple croisement de pistes dans un désert aride, caillouteux et nu que balaient les vents de sable, Bir Hakeim est vu de partout. Le champ de bataille se caractérise en effet par une absence totale de couverts et d'obstacles naturels. La position englobe une légère ondulation sud-nord, que jalonne un ancien poste méhariste, sans valeur défensive, et, près d'un point coté 186, les deux mamelles, qui sont les déblais de deux anciennes citernes. À l'est de l'ondulation, une grande cuvette inclinée vers le nord. »
Le système défensif emploie massivement le marais de mines (très grande surface faiblement minée).
Dans la nuit du 26 mai 1942, Rommel lance le large mouvement de contournement prévu, au sud de Bir Hakeim. Tout en infligeant des pertes importantes aux allemands, les unités blindées britanniques qui résistent de façon improvisée et désordonnée subissent des pertes considérables.
Kœnig fait prendre à ses hommes leurs dispositions pour le combat.
Le 27 mai, à 9 h, la première attaque sur Bir Hakeim est le fait des Italiens en deux vagues successives mais ils sont contraints au repli en raison du tir de barrage de l'artillerie française, les blindés tombant dans les marais de mines ou étant détruits à bout portant par les canons de 75 mm.
La division Ariete est réduite à 33 chars en quarante-cinq minutes. Beaucoup de tirs des canons antichars ont lieu à 400, voire à 200 mètres mais les légionnaires n'ont pas perdu pied. Les Français n'ont que 2 blessés, un camion et un canon détruits.
Plus au nord, la 3e brigade indienne est anéantie et deux brigades britanniques doivent se replier sur Bir-el-Gobi et El Adem, laissant Bir Hakeim isolé.
Durant les journées suivantes, l’eau menace de manquer à la suite de l’arrivée de six cent vingt soldats indiens capturés puis abandonnés par les forces de l’Axe en pleine offensive, et de la présence de deux cent quarante-trois prisonniers. Le 31 mai, 50 camions de ravitaillement parviennent à Bir Hakeim, avec leur cargaison d'eau et repartent avec les « bouches inutiles ».
Un raid mené par le colonel Amilakvari, destiné à nettoyer les alentours avec les groupes mobiles Messmer, de Roux et de Sairigné, permet de détruire cinq chars ennemis et un atelier allemand de réparation de blindés.
Le bilan de la brigade FFL est alors de 41 chars détruits, 98 prisonniers allemands et 145 italiens pour 2 morts et 4 blessés.
Rommel qui ne peut laisser subsister sur ses arrières la menace d’une brigade alliée qui vient de prouver sa valeur doit stopper son avance, jusqu’à ce qu’il ait réduit le point d’appui français.
Il renforce les divisions italiennes et fait bombarder à plusieurs reprises, le 1er juin, le camp retranché français. Le 2 juin, 2 officiers italiens demandent la reddition des français, mais le général Kœnig rejette leur ultimatum.
Le 3 juin, Rommel envoie un message écrit de sa main au général Kœnig :
« Aux troupes de Bir Hakeim. Toute résistance prolongée signifie une effusion de sang inutile. Vous subirez le même sort que les deux brigades anglaises de Got-el-Oualeb qui ont été détruites avant-hier. Nous cessons le combat si vous hissez des drapeaux blancs et si vous vous dirigez vers nous, sans armes. »
La seule réponse de la brigade FFL est une salve de canon du 1er régiment d'artillerie qui détruit quelques camions allemands. Les jours suivants, tous les assauts germano-italiens sont repoussés.
Rommel raconte :
« Une invitation à se rendre, portée aux assiégés par nos parlementaires, ayant été repoussée, l'attaque fut lancée vers midi, menée du nord-ouest par la division motorisée Trieste, et du sud-est par la 90e division motorisée allemande, contre les fortifications, les positions et les champs de mines établis par les troupes françaises. La bataille de juin commença par une préparation d'artillerie ; elle devait se poursuivre pendant dix jours durant et avec une violence peu commune. Pendant cette période, j'assumai moi-même, à plusieurs reprises, le commandement des troupes assaillantes. Sur le théâtre des opérations africaines, j'ai rarement vu combat plus acharné. »
Von Mellenthin, un des autres généraux allemands de l'Afrikakorps, déclarera plus tard « n'avoir jamais affronté, au cours de toute la guerre du désert, une défense aussi acharnée et héroïque ».
L'isolement de Kœnig est presque total. À partir du 6 juin, l'assaut proprement dit commence et l'encerclement est effectif au soir.
La journée du 7, le scénario est le même, les Allemands s'approchent encore de la position, mais les légionnaires, bien retranchés, contre toute attente, malgré le pilonnage incessant, la faim et la soif qui commencent à se faire sentir, refusent l'accès à leur fort.
La RAF intervient à quatre reprises en mitraillant les forces engagées dans le champ de mines.
Un dernier convoi arrive dans la nuit, il est guidé par l'aspirant Bellec, qui est passé à travers les lignes allemandes pour aller du camp retranché au convoi. Un brouillard couvre leur arrivée mais couvre aussi les préparatifs de Rommel qui a fait venir du renfort (chars lourds, canons de 88, pionniers du colonel Hacker, etc.).
Le matin du 8 juin, Rommel est fin prêt à lancer une nouvelle offensive. Il est impressionné par la résistance des Français, et écrit cela dans ses carnets : « Et pourtant, le lendemain, lorsque mes troupes repartirent, elles furent accueillies par un feu violent, dont l'intensité n'avait pas diminué depuis la veille. L'adversaire se terrait dans ses trous individuels, et restait invisible. Il me fallait Bir Hakeim, le sort de mon armée en dépendait. »
Dans son véhicule de commandement « Greif », le général Rommel mène personnellement l'attaque au nord, en lançant de sonores « Vorwärst ! », approchant au maximum les pièces de 88 mm et de 50 mm pour effectuer des tirs tendus sur les fortifications françaises.
Sd.Kfz. 250/3 "GREIF" 1/35 Dragon
La Luftwaffe intervient avec, entre autres, un raid de 42 Stukas qui touche le poste sanitaire de la brigade, tuant 17 blessés. Malgré les moyens engagés, les Français résistent toujours, le général Saint-Hillier raconte : « L'équipe de pièce d'un canon de 75 est volatilisée par un coup de 88 frappant l'alvéole ; le légionnaire survivant, la main arrachée, charge son 75 en s'aidant de son moignon, pointe son canon et touche le 88… »
Le général Hoffmann von Waldau, chef de l’aviation, se plaint de l’insuffisance des attaques terrestres qui rendent inutiles les pertes de la Luftwaffe. Les Français Libres ont reçu jusque là l’appui de 500 sorties de la R.A.F. et des F.A.F.L. Le maréchal Kesselring prévient Rommel que « cela ne peut durer ».
Au soir, seuls quelques endroits au nord du dispositif ont été entamés, le général Kœnig adresse un message à ses hommes. Il a été informé que le 10 juin serait le dernier jour à tenir et qu'ils pourront abandonner la position à l'ennemi le lendemain, les Britanniques ayant pu se réorganiser durant le temps où la 1re brigade française libre a bloqué l'Afrikakorps.
Voici son message : « Nous remplissons notre mission depuis quatorze nuits et quatorze jours. Je demande que ni les cadres ni la troupe ne se laissent aller à la fatigue. Plus les jours passeront, plus ce sera dur : cela n'est pas pour faire peur à la 1re brigade française libre. Que chacun bande ses énergies ! L'essentiel est de détruire l'ennemi chaque fois qu'il se présente à portée de tir ».
Pour le combat du lendemain, la brigade FFL, qui n'a pas été ravitaillée après les combats de la veille, ne dispose plus de munitions que pour la journée, les réserves d'eau sont quasiment épuisées. La RAF arrivera à fournir un ravitaillement aérien de 170 litres en eau qui servira surtout pour les blessés. La nourriture manque aussi.
Jusqu'à 9 h, le brouillard empêche les combats de commencer et permet aux équipes téléphonistes du capitaine Renard de rétablir les lignes avec les Britanniques.
Rommel, de son côté, a fait venir la 15e Panzerdivision.
Dans la matinée, la situation est relativement calme, malgré quelques accrochages au nord-ouest entre le 66e régiment d'infanterie italien (appartenant à la division Trieste) et les hommes du lieutenant Bourgoin qui se battent à la grenade et les bombardements d'artillerie et d'aviation sur le camp de la part des Allemands.
À 13 h, 130 avions germano-italiens bombardent le côté nord du camp, l'infanterie allemande lance son attaque tout en étant couverte par la 15e Panzerdivision qui bombarde elle aussi fortement les Français. La 9e compagnie du capitaine Messmer est enfoncée, ainsi que le centre tenu par la section de l'aspirant Morvan ; malgré tout, la situation est rétablie grâce à une charge de Bren Carrier.
L'artillerie continue à pilonner les Français jusqu'à 21 h, heure à laquelle une nouvelle offensive est lancée mais de nouveau repoussée.
Du 2 au 10 juin, plus de 40 000 obus et une grande quantité de bombes tombent sur les Français, qui tirent 42 000 obus de 75.
Après cet ultime assaut de l'Afrikakorps, les Français prévoient d'abandonner la position qui n'est plus d'aucune utilité aux Britanniques.
L’Afrika-Korps a été bloqué pendant de longues journées qui lui ont coûté cher et la Luftwaffe, après 1 400 sorties, est saignée, manque d’essence et doit se rationner… Bir Hakeim, première victoire stratégique française, est aussi une victoire aérienne dont l’influence ne se limite pas au seul champ de bataille de la Méditerranée. Ayant subi à Bir Hakeim un revers majeur infligé par les forces de la France Libre commandées par le général Koenig, Rommel raconte :
« Le 11 juin 1942, la garnison française devait recevoir le coup de grâce. Malheureusement pour nous, les Français n'attendirent pas. En dépit des mesures de sécurité que nous avions prises, ils réussirent à quitter la forteresse, commandés par leur chef, le général Kœnig, et à sauver une partie importante de leurs effectifs. À la faveur de l'obscurité, ils s'échappèrent vers l'ouest et rejoignirent la 7e brigade anglaise. Plus tard, on constata qu'à l'endroit où s'était opérée cette sortie, l'encerclement n'avait pas été réalisé conformément aux ordres reçus. Une fois de plus, la preuve était faite qu'un chef français, décidé à ne pas jeter le fusil après la mire à la première occasion, peut réaliser des miracles, même si la situation est apparemment désespérée. Dans la matinée, je visitais la forteresse, théâtre de furieux combats ; nous avions attendu sa chute avec impatience. Les travaux de fortification autour de Bir Hakeim comprenaient, entre autres, 1 200 emplacements de combat, tant pour l'infanterie que pour les armes lourdes ».
LA PREMIERE BATAILLE D’EL ALAMEIN (du 1er au 27 juillet 1942)
[Photos : Source Internet]
Faut-il prendre Malte d’abord, avant d’attaquer la Cyrénaïque ?
Le maréchal Kesselring, surnommé « Albert le souriant » par les Alliés et « oncle Albert » par ses hommes, est généralissime du front sud depuis le 28 novembre 1941. Il est en profond désaccord avec Rommel.
Kesselring est parvenu à neutraliser Malte qui servait de base aérienne et navale pour les Britanniques. Sans le ravitaillement et en particulier le pétrole acheminé par les convois, les forces de l'Axe en Afrique du Nord ne peuvent mener leurs opérations.
Kesselring veut envahir Malte d’abord (opération Herkules) : l’île est un porte-avions qui entrave son ravitaillement et menace l’Afrika-Korps dans le dos.
Le Maréchal ajoute : « La Lutwaffe a besoin de repos ; les pilotes n’en peuvent plus, les appareils doivent être révisés ».
Il précise : « En tant qu’aviateur, je considère que c’est une folie de donner tête baissée contre des bases aériennes intactes ! »
Les Stuka manquent sur Malte car la résistance de Bir-Hakeim a obligé à les rameuter et ils ont subi de lourdes pertes malgré la supériorité aérienne de la chasse allemande équipée du Bf 109 F.
En deux mois, Joachin Marseille, surnommé « Der Stern von Afrika » (L'étoile d'Afrique), remporte sur cet appareil plus de 50 victoires homologuées.
BF109 F4 Trop 1/48 Eduard
Bf.109 F4 Trop 1/48 eduard:
Malte, verrou de l’Est méditerranéen, serait la sagesse, mais la Cyrénaïque est, peut-être, le prestige de l’entrée victorieuse en Égypte : Alexandrie avant La Valette, c’est mieux que ne fît Bonaparte !
« Nous devons rassembler toutes nos forces, surtout celles de la Lutwaffe, sur le point d’effort principal, ici, l’Égypte ! »
Rommel, qui envisage une vaste opération vers l’Oural en remontant par le Moyen-Orient, veut sa « Victoire des Pyramides », que la résistance des Français libres à Bir-Hakeim lui a fait désespérer d’entrevoir. Il n’est que plus ferme à vouloir poursuivre les Britanniques désorganisés par son avance…
Mussolini, qui se voit faisant son entrée triomphale d’empereur romain au Caire, sur le cheval blanc déjà prêt, soutient le général Rommel.
Le 21 juin, Rommel entre à Tobrouk, tombée en vingt-quatre heures avec ses approvisionnements.
Hitler réagit, et par télégramme interdit au maréchal Kesselring d’intervenir dans les plans du général Rommel.
Rommel voit son point de vue triompher. Le sort du front Sud est jeté et, à la lumière de l’histoire, celui des fronts européens Est et Ouest !
L'attaque est initialement couronnée de succès, mais comme l'avait prédit Kesselring, les problèmes logistiques s'accroissent. Le 26 juin, à Sidi-Barani, la 27e escadre de chasse se bat le ventre vide et se ravitaille par ses propres moyens à un unique camion-citerne ! Le 28 juin, à Fouka, des groupes entiers restent cloués au sol, faute de carburant !
Le chef d’escadre de Marseille écrit :
« Cette poursuite se fait sous le signe de l’épuisement. Avec les déficiences de notre infrastructure, nous ne parvenons plus à suivre… »
Parallèlement, la RAF se renforce de jour en jour ; les Spitfire sont de plus en plus présents depuis Bir Hakeim.
Spitfire MKVb Trop 1/48 de Tamiya
Entre le 26 mai et le 3 juillet 1942, les germano-italiens capturent 60 000 britanniques et détruisent ou prennent plus de 2 000 blindés, mais la limite sud de l’offensive est marquée par la dépression de Qattara impraticable par les chars en raison de ses caractéristiques spécifiques (lacs salés, hautes falaises, escarpements et fech-fech), ce qui signifie que la position britannique ne peut pas être débordée.
Arrivées à proximité des positions alliées hâtivement montées autour d'El Alamein le 30 juin au soir, les unités italo-allemandes sont épuisées. Rommel veut attaquer au plus tôt ! Les bombardiers ne peuvent prendre l’air à cause d’une tempête de sable.
L'usure et la fatigue retardent l'offensive au matin du 1er juillet et la première attaque d’El Alamein voit l’effondrement de l’Afrika-Korps. Le soir, l'offensive de Rommel est stoppée.
Les jours suivants, les attaques allemandes sont bloquées et le général Auchinleck contre-attaque systématiquement. À partir du 3 juillet, Rommel passe à la défensive.
Auchinleck passe à plusieurs reprises près de la victoire, mais ses unités sont, elles aussi, fragiles, subissant notamment la domination tactique des forces de l'Axe.
Au nord du dispositif, les alliés, sûrs de leur supériorité numérique et technologique, se lancent à l'attaque le 10 juillet ; l'intervention de la 15e Panzerdivision et de la division Littorio rétablit l'équilibre des forces. C'est lors de cette attaque australienne que Rommel perd son unité d'interception des messages radio britanniques, le privant d'une source vitale de renseignement.
Rommel tente aussi une offensive le 13 juillet, mais doit renoncer. Malgré tout, la résistance de l'Axe qui se bat à un contre trois face aux hommes du général Auchinleck est un cuisant échec pour celui-ci. Le point faible du dispositif de l'axe est le secteur au nord tenu par les Italiens mis en déroute le 17 juillet. Rommel réussit à colmater le front avec ses réserves.
Après le dernier échec le 21 juillet, Auchinleck lui aussi renonce et ordonne de se fortifier.
C'est la fin de la première bataille d'El Alamein, qui voit Rommel échouer aux portes de la vallée du Nil, alors que ses troupes sont éloignées de ses bases logistiques (ports de Tripoli, Benghazi et Tobrouk), et que ses lignes de ravitaillement demeurent menacées par les attaques aéronavales britanniques lancées depuis Malte.
Churchill, en connaissant l'état des troupes allemandes, est littéralement consterné par les échecs britanniques :
« Nos forces étaient supérieures à celles de l'Axe. Nous avions plus de 100 000 hommes, eux moins de 90 000. Notre artillerie était plus forte dans une proportion de trois contre un, de même que pour les chars, et nous avions en ligne de nouveaux obusiers. Malgré cela, Tobrouk est tombé au bout d'une petite journée de combat. C'est un désastre. Nous nous sommes ensuite repliés jusqu'à Marsa-Matruh, mettant 190 km de désert entre notre 8e armée et les forces ennemies. À peine cinq jours plus tard, les germano-italiens arrivaient devant notre nouvelle position, et il nous faut décrocher, pénétrer toujours plus en Égypte, reculer encore. El Alamein devra être tenu jusqu'à la mort. »
Un autre commandant sur le terrain est nécessaire et dès le mois d'août, Winston Churchill décide à la suite de sa visite de remplacer Claude Auchinleck.
Alan Brooke persuade le premier ministre de nommer Montgomery connu aussi sous son surnom « Monty ».
LA BATAILLE D’ALAM EL HALFAT (fin août 1942)
[Photos : Source Internet]
Montgomery s'empare du commandement deux jours plus tôt que la date prévue (le 13 août 1942) et décide de renforcer immédiatement la position stratégique de Alam Halfa.
Il réussit à rénover le fonctionnement de la 8e armée et à transformer le moral des troupes Il regroupe le commandement de l'armée de l'air et de terre en une seule entité et ordonne la destruction de tous les documents et plans relatifs à une éventuelle retraite.
Il veille à apparaître le plus souvent possible au sein de la troupe, en rendant souvent visite à ses unités afin de se faire connaître.
Avant son arrivée, les unités de la 8e armée ont tendance à travailler séparément et à mener leurs propres batailles. Montgomery décide de mettre un terme à cette désorganisation et fait en sorte que les unités tirent sur la même corde.
« Le maréchal Rommel souffre d'un catarrhe de l'estomac et des intestins, de diphtérie nasale et de troubles circulatoires. Il n'est pas en état d'exercer son commandement au cours de la prochaine offensive. » Ce constat de son médecin personnel (le professeur Horster) amène Rommel à solliciter son évacuation sanitaire vers l'Allemagne.
Il propose alors d'être remplacé par Guderian, mais l'OKW préfère confier le commandement de la Panzerarmee Afrika au Maréchal Kesselring.
Rommel refuse et reste donc à son poste.
L'été, chaud, empêche les grandes opérations. Mais À ce moment, Erwin Rommel doit, soit attaquer avant l'arrivée des renforts, soit laisser l'initiative aux Britanniques et aux Alliés.
Le Renard du désert décide d'attaquer le 30 août. Rommel réclame des munitions et de l'essence, mais les raids anglais envoyés de Malte diminuent terriblement le ravitaillement des forces de l'Axe en Afrique. La Luftwaffe, quant à elle, dispose de 229 bombardiers stationnés en Crète et 720 appareils divers en Afrique. Au total, cela fait 950 avions. L'aviation italienne s'occupe de son côté de Malte.
Rommel veut démarrer son offensive au sud du dispositif défensif des Britanniques, espérant ainsi remonter vers la mer et encercler le gros des troupes ennemies.
Le plan de Rommel est que les 10 et 21e Korps soutenus par la brigade aéroportée Ramcke doivent tenir le front nord. Des raids devront faire croire à l'adversaire que l'offensive se déroulera sur cette partie du front, l'attaque principale sera lancée plus au sud.
L'offensive se déroulera de nuit et ses divisions devront percer en moins de 7 heures, c'est-à-dire faire 45 km en territoire ennemi et miné.
La bataille d'Alam el Halfa est menée pour tenter de forcer les lignes britanniques et pouvoir conquérir l'Égypte tout entière.
Des reconnaissances de la RAF ont signalé à Montgomery les préparatifs allemands. De fait, le commandement britannique met en place un puissant dispositif défensif pour parer à l'offensive adverse. Au nord, le 30e corps tiendra le front avec en réserve la 23e brigade blindée, le 13e corps devant défendre le front sud.
Le général Horrocks, qui dirige le 13e corps, enterre une partie de ses chars pour limiter les pertes ; il remplace le général Gott, mort dans un accident d'avion, il est mal vu par certains généraux et par Winston Churchill, notamment du fait de sa jeunesse (47 ans).
Le soir de l'attaque, les aviateurs britanniques surprennent les Allemands et les bombardent blessant le général Nehring. La confusion qui suit est accrue par la présence de champs de mines. Ces derniers sont très élaborés et les Britanniques tirent sans discontinuer sur les équipes de déminage.
De plus, le général von Bismarck, qui commande la 21e division de Panzer, est tué par un mortier.
Ainsi, à l'aube, les Allemands sont toujours dans le champ de mines.
Malgré les doutes qui envahissent Rommel, Bayerlein (qui remplace Nehring) le convainc de continuer l'attaque. Cependant, le mouvement d'encerclement total échoue et cela va conduire les Allemands à se jeter sur les positions défensives britanniques les plus importantes.
Les Britanniques, qui ont aménagé leurs positions, subissent très peu de pertes et peuvent compter sur un soutien aérien très efficace.
Seule la 15e Panzerdivision lance l'assaut droit sur les Britanniques qui ont disposé plus de 400 chars sur la crête. Les combats se déroulent sous un soleil de plomb, la température atteint régulièrement les 55°C.
L'échec de l'offensive était prévisible et, au soir du 1er septembre, ils ne disposent que d'un jour de carburant. L’ordre de repli est donné, sachant qu'une attaque britannique pourrait détruire leurs forces blindées.
Curieusement, à l'exception de quelques harcèlements de la part des alliés, Montgomery campe sur ses positions.
En fait, pour préserver ses chars, Montgomery n'envoie que les fantassins de la 132nd Infantry Brigade et de la 5th New Zealand Brigade pour tenter de couper la route aux Allemands. Seuls deux escadrons de Valentine les soutiennent.
Les Allemands s'étant repliés à l'ouest du champ de mines, l'assaut est un échec et au soir du 2 septembre, les fantassins sont à la merci d'une contre-attaque. À la nuit tombée, ils finissent par se replier.
Mais les Allemands continuent à subir les assauts de l'aviation et ils se replient à 10 km à l'est de leurs lignes de départ.
Le 5 septembre marque la fin de l'ultime offensive allemande en Afrique. En tout, les Allemands ont perdu 38 chars et les Italiens 67 chars.
Les Britanniques ont perdu 31 Grant, 21 Valentine ainsi que quelques Stuart, Crusader et Matilda, pour qui c'était la dernière bataille. Cela fait un total de 49 chars détruits.
Pour la première fois, ils perdent moins de chars que leurs ennemis : la bataille est une victoire défensive britannique entachée par le manque d'allant de Montgomery qui aurait pu détruire les forces allemandes en plein repli. Cependant, les troupes de la 8e armée britannique ne lui semblaient pas assez entraînées pour un assaut, ce que semble prouver l'échec de l'infanterie.
Rommel ne parvient pas à contourner les défenses Alliées au sud d'El Alamein en perçant les positions sur la crête d'Alam el-Halfa.
Cette bataille constitue la dernière tentative des forces de l'Axe pour tenter d'obtenir la décision en Afrique.
Hitler ne réussira pas à faire la jonction entre la Panzerarmee Afrika et les forces du front de l'Est au Proche-Orient.
Ainsi, la bataille d'Alam el Halfa illustre la perte de l'initiative pour les Allemands et le 30 septembre suivant disparaît le célèbre Hans-Joachim Marseille « l’étoile d’Afrique » qui se tue en évacuant son 109 en panne moteur. Il a 22 ans.
Troisième pilote allemand à franchir la barre des 150 victoires (158), il détient aussi le nombre record d'avions alliés occidentaux abattus par un seul pilote en une seule sortie le 1er septembre 1942 : 17 avions alliés incluant 8 avions détruits en dix minutes.
À la suite de cet exploit, un Volkswagen Kübelwagen lui est offert par un escadron de la Regia Aeronautica, sur lequel ses camarades italiens peignent le mot « Otto » (« huit » en italien).
Kübelwagen Type82 Africa corps 1/35 Tamiya
LA SECONDE BATAILLE D’EL ALAMEIN (fin octobre à début novembre 1942)
[Photos : Source Internet]
La domination de la mer Méditerranée par la Royal Navy empêche le ravitaillement efficace de l'Afrikakorps (DAK). Perdant de fait l'initiative, Rommel doit se résoudre à la défensive, où il est moins efficace que dans l'offensive.
Montgomery, après avoir repoussé en septembre la dernière offensive du « Renard du désert » à Alam el Halfa, prépare la grande contre-offensive en vue de chasser les Germano-Italiens d'Afrique qui menacent depuis plus de six mois la ville d'Alexandrie et le canal de Suez.
Le 22 septembre 1942, Rommel, malade, confie le commandement du DAK au général Georg Stumme. Le lendemain, Rommel décolle de Derna à destination de Rome où il doit rencontrer Mussolini. À Berlin il s'entretient avec le Führer, puis part pour le centre d'hospitalisation du Semmering à proximité de Wiener Neustadt.
À ce moment-là, Hitler ne pense aucunement renvoyer Rommel en Libye mais plutôt sur le front russe.
Début octobre 1942, Rommel se rend de nouveau à Berlin annoncer que l'Afrika Korps atteindra bientôt Alexandrie sans toutefois cacher les problèmes de ravitaillement et les difficultés de la progression. Son moral est d'ailleurs remonté à la suite de la promesse de Hitler de lui envoyer très rapidement des chars Tigre I dont il vient de voir le prototype.
En Afrique, l'armée alliée renforce ses positions et en particulier celle d'El-Alamein.
De plus, les combats continuent et ce sont en grande partie les Italiens qui en supportent le poids.
La chaleur intenable et les maladies (dysenterie, insolations, scorbut…) font des ravages dans les rangs italiens et les armées alliées, lesquelles ne cessent d'attaquer la position. Côté britannique, plusieurs mutineries ont lieu, dont celle des troupes australiennes qui refusent tout simplement de retourner à l'assaut.
L’opération Lightfoot
Les forces de l'Axe, contrairement à leurs habitudes (surtout pour les Allemands) se préparent à défendre leurs positions. Rommel, peu avant son départ, s'est efforcé de mêler entre elles les forces allemandes et italiennes. Il craint une attaque au sud et dispose sa défense en profondeur pour rendre les tirs de barrage britanniques inefficaces.
Les Allemands disposent en tout de 90 000 hommes dont 69 000 combattants et 242 chars, les Italiens de 146 000 hommes dont 50% de combattants et 323 chars, soit un total pour l'Axe de 565 chars. 22 sont en réparation.
Montgomery aligne 220 000 hommes incluant ceux de la 1re brigade française libre, dispose de 1 029 chars dont des Sherman M4, modernes, bien armés, capables de rivaliser avec le Panzer IV ; 200 sont en réserve et près de 1 000 en réparation.
La différence est considérable, mais il en a toujours été ainsi. L'artillerie alliée comporte 2 000 canons contre 550 canons de campagne et 850 canons antichars pour les Allemands.
Pour percer le front, Montgomery prévoit une attaque au nord où les champs de mines sont extrêmement profonds et constituent un obstacle de taille. Une diversion est prévue au sud, la limite étant marquée par la dépression de Qattara toujours impraticable.
Monty veut faire subir aux Germano-Italiens des pertes bien supérieures aux siennes, ce qui ne s'est quasiment jamais produit. La victoire de l'infanterie est un préalable à l'engagement des chars !..
Le 23 octobre, les bombardements et les tirs de l'artillerie doivent permettre aux fantassins de quatre divisions de sortir de leurs positions. Très vite, le génie s'attelle à ouvrir des passages dans les champs de mines afin que la 23rd Armoured Brigade progresse et soutienne l'infanterie.
Tout au nord, les Australiens, malgré des pertes parfois élevées, remplissent partiellement les objectifs assignés. Sur leur flanc gauche, la 51st Highland Division a bien du mal à avancer. L'ancienne unité d'élite est totalement changée et les charges se font à l'écossaise, cornemuse en tête.
La division a comme objectif la Red Line. Ensuite, d'autres unités doivent continuer l'assaut. Mais seule une compagnie atteint ses objectifs au matin du 24 octobre.
Plus au sud, la 164e division d'infanterie allemande empêche toute progression. Les fantassins Sud-Africains sont de plus bloqués par un champ de mines imprévu.
Dès 3 h du matin, la 9th Armoured Brigade avance mais est bloquée par un champ de mines et par les Matilda Scorpions qui sautent sur les charges explosives enterrées qu'ils doivent détruire. Certains chars arrivent néanmoins à conquérir la crête de Miteiriya avant de perdre six Sherman toujours à cause des mines.
Sur le front écossais, les chars tentent de traverser le même type de barrage défensif à travers des couloirs de huit mètres de large battus par l'artillerie allemande et les canons antichars. Les Alliés sont déjà en difficulté.
Sur le front néo-zélandais, la progression d’abord aisée bute aussi sur un champ miné qui n'apparaît pas sur les cartes et ils doivent affronter à la lumière du jour les positions défensives très bien placées des Germanos-Italiens. Dans la confusion du repli, 16 blindés sautent sur les mines. Les 88 mm allemands occasionnent tant de pertes au sein du 47th RTR (Royal Tank Regiment) qu'il doit être dissout.
Au soir du 24 octobre, les généraux britanniques savent que l'opération n'a aucune chance de déboucher sur un succès. En fait, il n'y a qu'au sud que le 13th Corps réussit sa mission, immobiliser les forces ennemies. Le front allemand n'a nullement été percé et les pertes des Britanniques et de leurs alliés commencent à être lourdes.
Du côté allemand, en attendant le retour imminent de Rommel, il est ordonné à la 15e Panzerdivision de reprendre le terrain cédé à l'ennemi. De plus, il est possible de rappeler la 21e Panzerdivision et la division blindée Ariete retenues jusque-là au sud, l'effort britannique n'étant plus très important.
Dès la fin de la journée du 24 octobre, la 15e division blindée allemande contre-attaque. Les bombardiers allemands et canons antichars tirent sur les blindés britanniques qui ne peuvent avancer. Après des hésitations, le général Gatehouse demande à Montgomery l'autorisation de replier ses blindés.
Le chef de la 8th Army convoque alors Lumdsen, le chef du Xe corps à 3 h du matin et lui demande de poursuivre l'attaque ou d'accepter que les chefs de l'Arme blindée soient remplacés. Les blindés tiennent leurs positions, mais c'est un massacre, des dizaines de Grant et Sherman sont détruits.
À la suite de cet échec, les Britanniques doutent : comment ont-ils pu échouer avec une telle supériorité numérique ?
L’opération Supercharge
Le 25 octobre, Rommel, de retour en Afrique, reprend le commandement de son armée. La 15e Panzerdivision compte 31 chars en état (119 au départ), la 21e Panzerdivision compte 98 panzers sur 106 le 23 octobre. La division Ariete n'a perdu que deux chars et la Littorio en a perdu 56.
Pour les Britanniques, les pertes s'élèvent à 215 chars et 38 autres véhicules blindés, ce qui est largement supérieur aux pertes de l'Axe. Cependant, ils peuvent compter sur de substantiels renforts.
Dans ses carnets, Rommel semble pessimiste et évoque même à demi-mot sa propre mort :
« Durant ces brèves semaines passées à la maison, j'ai vraiment senti ce que vous et Manfred représentez pour moi. Ma dernière pensée est pour vous deux ».
Pendant ce temps, Montgomery met en place un nouveau plan et l'offensive aura encore lieu au nord. A l'exception des Australiens qui mènent une guerre d'usure, plus personne ne se bat. Le front sud est de plus en plus déserté, d’importants effectifs étant retirés pour renforcer le nord.
C'est aux Français du général Pierre Kœnig de tenir l'extrême sud du front, face aux parachutistes de la brigade Ramcke, mais l'arrivée massive de renforts allemands incite Montgomery à attaquer un peu plus au sud, au niveau des positions italiennes.
Le but est d’envelopper les unités allemandes présentes plus au nord grâce à la piste de Sidi Abd el Rahman tandis que les Australiens attaqueront le saillant existant à la suite de l'opération Lighfoot. 6 brigades sont chargées de percer sur quatre kilomètres les défenses ennemies afin d'atteindre la piste de Rahman et la crête d'Aqaqir. Au sud, la 133e brigade et au nord le 22e bataillon maori attaqueront sur les flancs.
À cette époque, les compétences du bataillon maori avec la baïonnette leur ont valu la réputation de "chasseurs de scalp" parmi les commandants allemands, y compris Rommel.
Contrairement à Lightfoot, après un long tir d’artillerie et le pilonnage des bombardiers, les blindés seront engagés plus tôt car l'infanterie a déjà subi des pertes substantielles. Ainsi, la 9th Brigade devra attaquer les positions d'artillerie adverses, ce qui risque d'engendrer des pertes énormes, mais Montgomery se dit prêt à accepter des pertes de 100 %.
L'offensive australienne commence par l'assaut d'un poste appelé Thompson Post défendu par le 125e régiment d'infanterie allemand et le 11e bataillon de Bersaglieri. Il est composé de tranchées abritant des nids de mitrailleuses et couvertes par un champ de mines. Une des deux collines à proximité du poste lui-même est prise sans riposte peu avant le lever du jour, ce qui interrompt l'offensive.
La nuit du 30 au 31 octobre, les Australiens arrivent avec l'aide de l'artillerie au pied de Thompson Post, mais subissent le feu nourri de l'artillerie allemande. Les fantassins sont tués par les obus de mortiers, les mitrailleuses et les mines. Devant la confusion qui s'ensuit, le repli est ordonné.
Rommel continue pour tenir le saillant à y envoyer des armes antichars et lance le 31 octobre une contre-attaque qui ravage les chars de la 23rd Brigade. Durant la nuit, les Allemands réussiront finalement à repousser les Australiens plus au sud.
Le 1er novembre, le début de l'attaque se déroule sans difficultés pour les Alliés, les défenses ennemies ayant été terriblement affaiblies par le pilonnage de l'aviation et de l'artillerie. Les pertes les plus lourdes ont lieu au centre, les unités allemandes et italiennes ne se repliant pas.
Les objectifs sont atteints à l'heure et la 9th Armoured Brigade est prête mais une certaine confusion dans l'unité fait que seuls 94 chars sur 132 arrivent à attaquer !.. La nuit se termine bientôt et les chars vont être repérables. Progressant légèrement en arrière du barrage d'artillerie, les Britanniques approchent de la piste du Télégraphe.
Les Allemands détruisent néanmoins les camions alliés, ce qui empêche l'infanterie de soutenir les blindés. Peu après 6 h, les Britanniques ont entamé les positions allemandes malgré (comme toujours) la présence de mines mais dès que le jour fait son apparition, les Allemands peuvent régler leurs tirs et provoquent une hécatombe de différents chars britanniques. Les Crusader au canon de 40 mm sont les premiers à succomber, leur armement étant bien trop léger.
Sous le feu des canons antichars allemands et italiens (il y a des 88 mm), la brigade blindée subit très vite des pertes importantes tout en encaissant la contre-offensive des blindés des 15e et 21e divisions de Panzer.
Les rares survivants britanniques se replient ; sur les 94 chars de l'attaque, 75 sont détruits.
L'attaque du 2 novembre.
La 2nd Armoured Brigade doit conquérir la crête d'Aqaqir, mais elle est en retard. Le chemin qui mène à la crête est encombré de véhicules en tout genre. Les survivants de la 9th brigade les informent du massacre qu'ils ont subi. De son côté, Rommel n'est pas optimiste, il estime que sa contre-attaque n'est pas suffisante.
Après une longue hésitation, les Britanniques décident de ne pas lancer à l'assaut la 2nd Armoured Brigade contrairement aux ordres de Montgomery. Lumsden, chef du 10e corps, ne peut se résoudre à accepter un nouveau massacre. Cet amoncellement de véhicules alliés bloqués incite Rommel à les frapper avec ses derniers blindés et l'aviation, mais la RAF a la maîtrise du ciel. Rommel rappelle la division Ariete et le 125e régiment de PanzerGrenadier. Les Britanniques n'avancent pas et subissent de lourdes pertes mais, dans cette guerre d'usure, le gagnant n'est pas celui qui perce ou qui résiste mais bien celui qui a le plus de réserves.
Or, les Allemands se retrouvent bientôt à court de munitions et d'essence, le ravitaillement par voie maritime est très faible, la Royal Navy est maîtresse des mers. A force d'être engagés, il ne reste plus à la fin du 2 novembre que 35 Panzer disponibles, plus ceux en réparation.
Les Britanniques, malgré la perte de plus de 150 chars, ont des réserves importantes qui excèdent de loin les effectifs allemands.
Rommel, privé de ses réserves, ne peut contre-attaquer et doit penser à se replier en comptant sur la lenteur de réaction des Britanniques. Il faut non seulement abandonner El Alamein, mais s'il veut sauver l'Afrikakorps, il doit se replier en Europe. Pour Hitler, une telle proposition est inacceptable. Il ordonne à Rommel de tenir ses positions. Hésitant, il obéit finalement.
Face à ce début de repli, l'aviation allemande fait tout son possible pour empêcher les bombardiers de la RAF de bombarder les colonnes en repli. Toutefois, dans les airs, la RAF a définitivement pris le contrôle malgré le déploiement en Afrique des Fw190
FW190A-5 Trop 1/48 Eduard
Les britanniques s’engouffrent dans le saillant ouvert pour encercler une partie des forces de Rommel. Mais il est trop tard, les Allemands ont commencé à se replier.
La poursuite
Le repli de l'Afrikakorps est inévitable. Les 100 chars M13/40 obsolètes de la division Ariete sont les derniers blindés de Rommel.
Les Britanniques, malgré des pertes avoisinant les 500 chars, conservent encore 600 chars.
À l'aube du 4 novembre, la 2e brigade blindée s'avance vers les défenses allemandes à l'ouest de la crête d'Aqaqir. Les troupes allemandes sont commandées par le général von Thoma qui utilise ses derniers 88 pour détruire quelques chars adverses. Les blindés alliés rencontrent alors la résistance d'un Panzer III qui finit par se rendre.
Le général von Thoma, capturé à bord de ce char, est amené au général Montgomery.
Le front est percé, les chars alliés surgissent sur les arrières de l'Axe.
Une brèche de 20 kilomètres menace de destruction les troupes situées au sud. Rommel ne peut se résoudre à tenir, mais il hésite encore. A 15 h 30 le 4 novembre, c'est finalement Kesselring qui ordonne à l'ensemble des forces de l'Axe de se replier.
Au nord, on s'enfuit par camions, mais, au sud, les éléments motorisés sont rares. Une nouvelle fois, Rommel compte sur la lenteur des Britanniques.
Ainsi, au soir du 4 novembre, les troupes alliées bivouaquent au lieu de poursuivre leur adversaire !.. Lorsque des renseignements arrivent au QG de la 8e armée, l'état-major décide de poursuivre l'Afrikakorps à partir du 5 novembre en direction de la côte pour capturer les troupes allemandes.
Arrivé à Fouka, Rommel ne trouve aucune position défensive ; il décide de battre en retraite jusqu'à Marsa Matruh. Au matin du 6 novembre, la situation de la Panzerarmee est tragique. Il n'y a plus que douze panzers en état de combattre. Les Italiens mènent des combats d'arrière-garde et beaucoup d'unités sont dispersées. Les Allemands, par contre, gardent un semblant d'ordre.
La 21e Panzerdivision tombe en panne sèche durant sa fuite vers Marsa Matruh ; les Allemands sabordent leurs chars et seuls les véhicules légers continuent à se replier.
À Marsa Matruh, c'est une lutte pour savoir qui aura de l'essence mais à Benghazi, 4 000 tonnes de carburants viennent d'arriver par mer (un exploit). Malgré des pertes dues à l'aviation, la moitié arrive à Solloum.
Le 8 novembre 1942, la Panzerarmee Afrika se replie vers Solloum en passant par les cols de Halfaya, ce qui signifie un ralentissement dans le retrait. À son arrivée, Rommel ne compte plus que sur 2 000 soldats allemands, à peine plus d'Italiens, 15 canons antichars, même pas 50 canons de campagne. La réserve se compose de 3 500 soldats dont 500 Italiens. Les forces blindées se composent de onze panzers et dix chars italiens. Enfin, la réserve en artillerie se compose de 75 canons de tous types.
Voilà ce qui reste de la glorieuse armée d'Afrique !
Elle ne doit son salut qu'à la lenteur des Britanniques qui ne pourront surprendre les troupes de Rommel dans le passage de Halfaya.
À l'aube du 9 novembre, l'ensemble des troupes est passé, la 90e division légère en débouche à midi. Les sapeurs du général Bülowius (en) sont les derniers à passer et font sauter la route. À la fin de la journée, les avant-gardes britanniques arrivent mais tombent sur une route impraticable et quelques mines qui détruisent des chars. Plusieurs jours sont nécessaires pour remettre la route en état.
Rommel pense déjà à battre en retraite en Tunisie car le même jour, l'opération Torch a été déclenchée et les Anglo-Saxons vont bientôt arriver de l'ouest pour bloquer la route aux dernières troupes.
Bilan
Au terme d'une longue bataille et malgré des pertes excédant les 500 chars, Montgomery a pu, grâce à ses réserves, percer le front de Rommel qui ne disposait pas de plus de 100 panzers. Le ravitaillement étant coupé par le « porte-avions » maltais, la logistique ne pourra suivre Rommel dans son ultime tentative de résistance.
Montgomery devant son char Grant personnel est sur le point de devenir mondialement célèbre.
Cette victoire alliée marque un tournant important et certains historiens estiment que la bataille d'El Alamein est l'une des victoires majeures qui ont contribué à la victoire alliée en Afrique du Nord, mais aussi à la victoire finale.
Winston Churchill résume cette bataille dans les termes suivants : « Ce n'est pas la fin, ni même le commencement de la fin. Mais c'est peut-être la fin du commencement ».
L’OPERATION TORCH (8 novembre 1942)
[Photos : Source Internet]
L'opération Torch prend naissance au cours du printemps 1942, au plus fort de la domination allemande. Si les Alliés veulent conserver une chance de gagner, il devient urgent d’ouvrir un second front afin de soulager l'URSS. Le président Roosevelt et le général George Marshall préfèrent un débarquement sur les côtes de la Manche.
Churchill pense aux intérêts britanniques en Afrique, où le canal de Suez reste à la portée de l'ennemi. Surtout, il estime les effectifs alliés disponibles au Royaume-Uni encore insuffisants pour réussir une opération de grande ampleur sur le continent européen : il préfère une offensive moins directe, en Afrique.
Si les Alliés réussissent à repousser l'Afrikakorps de Rommel, l’Afrique du Nord devient une plate-forme pour un projet plus ambitieux en Europe méridionale.
Les pourparlers durent 4 jours et aboutissent, en juillet 1942, à un accord désignant l’Afrique du Nord comme objectif immédiat des Alliés.
Le projet est baptisé « Opération Torch » (Flambeau).
Le 5 septembre 1942, les négociateurs alliés s'accordent pour désigner Casablanca, Oran et Alger, comme cibles principales.
Une interrogation subsiste quant à l'attitude des autorités militaires de Vichy en Afrique du Nord vis-à-vis d'une éventuelle intervention américaine, Hitler ayant laissé au gouvernement de Vichy la souveraineté sur son Empire. Le consul Robert Murphy, représentant personnel du président Roosevelt en Afrique du Nord, imagine les dirigeants de Vichy comme susceptibles de reprendre la guerre contre l'Allemagne à la première occasion.
À la suite de longs mois de négociations entre chefs de la Résistance et l'OSS (le service secret américain, précurseur de la CIA), il est décidé que les principales personnalités et points stratégiques d'Afrique du Nord seront neutralisés pendant plusieurs heures, afin de permettre aux Alliés d'intervenir sans heurts et sans intervention des Français libres, la participation du général de Gaulle pouvant braquer davantage encore les généraux vichystes.
Il faut cependant un général « acceptable » pour diriger l’entrée en guerre du côté français. Giraud a la faveur des Américains qui le préfèrent à de Gaulle dont le jugement et les méthodes sont considérés peu fiables par Roosevelt.
Les accords entre les États-Unis et la Résistance française sont officialisés au cours d'une rencontre clandestine tenue à Messelmoun près de Cherchell , dans la nuit du 21 au 22 octobre 1942.
Outre leur partie militaire, ces accords incluent des dispositions très favorables à la France, qui doit être traitée en alliée après le débarquement.
Les troupes terrestres alliées sont placées sous la responsabilité du général Eisenhower qui effectue, pour l'occasion, son véritable baptême du feu dans une opération majeure.
Quant aux forces navales, le commandement incombe à l’amiral anglais Andrew Cunningham auquel est adjoint l’amiral Bertram Ramsay qui a établi du côté allié l'essentiel du plan d'attaque à partir des notes militaires rédigées par le colonel français Jousse, membre de l'organisation de résistance d'Alger.
L'opération implique 107 000 hommes, 200 bâtiments de guerre et 110 navires de transport. Elle se divise en trois groupes en vue d'établir 9 têtes de pont sur près de 1 500 km de côte. La composante aérienne principale est réalisée à partir des porte-avions avec les chasseurs F4F Wildcat, les bombardiers SBD Dauntless et les torpilleurs TBF-1 Avenger.
Pour l’occasion, sur les appareils, l’étoile américaine blanche sur fond bleu a un liseré jaune.
Les objectifs alliés se situent tous sous contrôle français et le doute n'est toujours pas levé quant à l'attitude de l'armée d'Afrique (110 000 hommes en comptant les supplétifs algériens) stationnée sur les différents sites de débarquement.
Les membres de l'armée de Vichy gardent encore le très mauvais souvenir de leurs confrontations avec les Britanniques : Mers el-Kébir (3 juillet 1940), défaite dans la campagne de Syrie (1941) plus le fiasco de Dakar et l'occupation de Madagascar (mai-novembre 1942) où les combats continuent encore.
Les accords avec la résistance sont destinés à parer à toute réaction négative des troupes françaises qui disposent de 50 chars opérationnels mais à la technologie vieillissante et de 500 Dewoitine D.520 (de force équivalente aux avions anglais et américains).
Les alliés comptent beaucoup sur le général Giraud, auquel ils réservent le commandement des forces françaises stationnées en Afrique du Nord, qui a finalement accepté un débarquement limité à la seule Afrique du Nord, mais qui compte aussi obtenir le commandement en chef des troupes d’invasion !..
Le 7 novembre 1942, Eisenhower perd des heures précieuses à le convaincre qu’il leur est impossible de confier, 24 heures à l'avance, le commandement d'une opération militaire particulièrement complexe à un général de langue étrangère, ignorant tout des préparatifs et des moyens d'intervention en jeu.
Le 8 novembre 1942, à l'aube, les premiers vaisseaux de l'opération Torch abordent les plages d'Afrique du nord. La flotte alliée atteint sans encombre ses différents objectifs, à la surprise de ses équipages, sans avoir été inquiétée par les sous-marins de l'Axe qui l'attendent plus loin, du côté de Malte. Un seul vaisseau a été perdu, le Thomas Stone touché par un avion de la Luftwaffe.
L'accueil réservé aux unités alliées par les forces armées vichystes demeure cependant une inconnue.
La prise d'Alger se fait en un jour. 400 résistants français ont neutralisé les batteries côtières de Sidi-Ferruch et le 19e corps d'armée française d'Alger pendant une quinzaine d'heures. Simultanément, un groupe a réussi à arrêter le général Juin commandant en chef en Afrique, ainsi que l'amiral Darlan, inopinément présent à Alger cette nuit-là.
À Sidi-Ferruch, le colonel Baril, réussit à neutraliser les batteries contrôlant les plages et les forces de débarquement alliées peuvent y prendre pied sans aucune perte. Le mot de passe est « whisky » et la réponse est « soda ». Toutefois, les pilotes des barges de débarquement, par mer agitée et nuit très noire, manquent cruellement d’entrainement. Beaucoup d’embarcations se retournent avant d'atteindre le rivage provoquant la mort de nombreux soldats américains.
Seul, le chef de cabinet de Juin, le commandant Dorange, fait preuve d'initiative et demande l’intervention rapide de la 7e légion de la Garde mobile à la villa des Oliviers où réside Juin. Les jeunes résistants ont reçu, comme les autres volontaires, l'ordre de ne pas verser le sang français ; ils ne résistent pas et sont menacés d'être fusillés, ainsi que les représentants des États-Unis encore sur place.
Une fois Darlan et lui-même libérés, Juin donne l'ordre de reconquérir les positions tenues par les volontaires, au lieu d'attaquer immédiatement les Américains encore présents sur les plages.
José Aboulker, leur chef de 22 ans, estimant leur opération réussie, puisque les Alliés ont débarqué sans opposition et progressent tout autour d'Alger, décide qu’il n'y a pas lieu de résister, mais simplement d'abandonner les positions le plus tard possible, de gagner du temps et de retarder d'autant la mobilisation des forces vichystes et leur réaction contre les forces alliées.
De leur côté, les hommes du général Ryder ont achevé l'encerclement d'Alger et commencent à y pénétrer. Au soir du 8 novembre, Juin obtient de Darlan l'autorisation d'ordonner le cessez-le-feu.
Du coup, les Alliés disposent, le soir même du 8 novembre, d'un grand port intact, où troupes et matériels peuvent immédiatement débarquer sur une grande échelle.
Mais ce premier cessez-le-feu concerne seulement Alger : Darlan et Juin, désormais entre les mains des Alliés, refusent encore de donner l'ordre de cessez-le-feu à leurs subordonnés d'Oran et du Maroc.
L'action de la résistance échoue à Oran du fait d'un manque d'effet de surprise. Les troupes vichyssoises détruisent des docks et coulent des navires marchands afin d'empêcher aux Alliés l'accès au port (il restera inutilisable pendant un mois après la prise d'Oran).
Vers 7 h du matin, Casablanca est survolée par des avions alliés qui couvrent la ville de tracts.
Lorsque la flotte alliée paraît à l'horizon, l'armée d'Afrique est en état d'alerte. L'escadre française appareille et affronte les navires de guerre alliés en formation concentrée. Les marins de la flotte de Vichy engagent au canon ou à la torpille les bâtiments alliés chaque fois que cela est possible, sous la protection illusoire d'écrans de fumée, inefficaces faces aux radars de l'US Navy.
À quai, le cuirassé Jean Bart, inachevé, est mis hors de combat. Le croiseur Primauguet ainsi que plusieurs contre-torpilleurs, torpilleurs, sous-marins et avisos, sont coulés après une lutte tant héroïque qu'inutile.
Le plan d’attaque allié sur Oran se résume en un mouvement en pince entre les alliés débarquant à l’est et l’ouest de la ville.
L’est d’Oran est l’objectif de la Force Z qui effectue l’assaut sur le port d’Arzew.
À l’ouest de la ville, le général Eisenhower prend pied sur la plage à la nage, sa jeep ayant coulé à la suite d'une mauvaise appréciation de la profondeur de l’eau par les barges de débarquement.
Il est avec la Force Y sous le commandement du général de brigade Theodore Roosevelt (seul général à avoir participé, le 6 juin, aux opérations d'une première vague d'assauts sur la plage d'Utah Beach en Normandie).
Dans le film "Le Jour le plus long", Theodore Roosevelt Jr. est interprété par Henry Fonda (à droite)
Au centre, les sloops HMS Walney et HMS Hartland, qui se dirigent sur les ports d’Oran, sont détruits par les canons des sous-marins français Céres et Pallas, ainsi que des torpilleurs Tramontane et Typhon.
À Oran et au Maroc, les Français perdent 1 346 tués et 1 997 blessés, contre 479 morts et 720 blessés du côté des alliés. Au soir du 8 novembre 1942, les têtes de pont de Casablanca et Safi sont assurées, celle de Mehdia est incertaine, des renforts français sont attendus.
Ce théâtre d'opération permet l’arrivée et l’engagement de nouveaux matériels américains notamment aériens à l’instar du P-38F, appareil qui gagnera le surnom de "Gabelschwanzteufel" (Diable à queue fourchue).
P-38F "Daisy Mae" 1/48 Academy
Les 10 et 11 novembre, Juin et Darlan, suite à des pressions particulièrement vigoureuses du général Clark, ordonnent sous la menace le cessez-le-feu à leurs subordonnés d'Oran et du Maroc
Le jour de la reddition, plusieurs U-Boot allemands arrivent dans la rade de Casablanca. Le 12 novembre, le sous-marin U-130, commandé par Ernst Kals, coule quatre bâtiments américains de transports de troupes et endommage également un destroyer et un pétrolier ravitailleur.
Les manœuvres des U-Boot n'ont pas d'impact décisif sur la prise de contrôle du Maroc.
Un gouvernement vichyste de l'Afrique française est constitué le 14 novembre 1942 par François Darlan sous le nom de « Haut-Commissariat de France en Afrique ».
Henri Giraud, devenu commandant en chef civil et militaire de l'Empire français en Afrique, après la mort de l'amiral Darlan, maintient la même ligne politique. Jean Monnet, envoyé par Roosevelt pour conseiller Giraud, contribue à ramener la démocratie en Afrique libérée alors que les premiers contacts s'établissent avec les gaullistes.
Le général de Gaulle qui n'a été ni consulté ni mis au courant du débarquement, arrive à Alger pour empêcher que le pouvoir ne lui échappe. Il constitue, avec le général Giraud le Comité français de la Libération nationale (CFLN), avant de le convaincre (de le forcer) de s'effacer à son profit.
Par la suite, l'importante conférence de Casablanca, du 14 au 24 janvier 1943, réunit les principaux chefs alliés, le président Roosevelt, le Premier Ministre britannique Churchill, et les généraux de Gaulle et Giraud pour officialiser leur association en vue de battre les forces de l'Axe.
La principale conséquence de cette opération est de remettre la France dans la guerre aux côtés des Alliés, après la disparition de tous les attributs de souveraineté de Vichy, d'annuler l'armistice de juin 1940 sur le plan politique et « d'effacer » la collaboration entre Vichy et le Reich.
LA CAMPAGNE DE TUNISIE : KASSERINE
[Photos : Source Internet]
Le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie le 8 novembre 1942 au cours de l'opération Torch, après la percée réalisée par Bernard Montgomery lors de la seconde bataille d'El Alamein en Égypte, crée un second front dangereux pour les allemands et les italiens qui transfèrent des troupes de Sicile afin d'occuper la Tunisie, située à seulement une journée de navigation.
Etrangement, aucun effort particulier n’empêche cette arrivée importante des forces de l'Axe.
De plus, les troupes alliées négocient le ralliement des commandants des forces françaises fidèles au régime de Vichy, et elles progressent lentement pour aller au contact des Allemands
À la fin du mois, ces navires ont convoyé trois divisions allemandes dont la 10e Panzerdivision et deux divisions d'infanterie italiennes. L'Axe a réussi à constituer un corps entier et les forces allemandes surpassent leurs adversaires alliés sur presque tous les plans.
Le 15 novembre, la 1re armée britannique entre en Tunisie. Le 27 novembre, son aile gauche approche de Mateur, sur la route de Bizerte, et son aile droite atteint Djedeida dans la vallée de la Medjerda (25 kilomètres de Tunis). La Tunisie centrale est envahie.
Les parachutistes américains s'emparent de Kasserine et de Gafsa, mais échouent devant Tunis. L'avantage défensif du terrain et la mauvaise coordination alliée permettent aux faibles troupes allemandes et italiennes débarquées de résister.
Les Allemands contre-attaquent et, dès le 29 novembre, le front se stabilise sur une ligne allant du cap Serrat à Gafsa.
En décembre et janvier, le général Von Arnim renforce ses troupes alors qu'Erwin Rommel se replie lentement de Tripolitaine vers le sud tunisien, talonné par le général Bernard Montgomery.
Le 23 janvier 1943, la 8e armée britannique prend Tripoli, base importante de ravitaillement pour l’Axe. Rommel a préparé le coup et occupe les approches sud de la Tunisie le long de la ligne Mareth construite par les Français pour se défendre face aux Italiens.
Grâce à leurs lignes de défense appuyées sur l'Atlas à l'ouest et sur le golfe de Syrte à l'est, même un faible nombre de soldats italiens et allemands peuvent résister face aux forces alliées.
La situation allemande est précaire. Les troupes américaines ont déjà traversé le massif de l'Atlas et menacent de couper en deux les forces allemandes. L'Afrika Korps risque d’être séparé du reste des forces de la Wehrmacht et des bases de ravitaillement du nord de la Tunisie.
Le 30 janvier, la 21e Panzerdivision défait les maigres troupes françaises défendant Faïd, et la 1re division blindée américaine subit la classique Blitzkrieg. Quand ils reçoivent l'ordre de défendre une position, celle-ci est déjà tombée aux mains de l'ennemi.
Après trois jours de combat, les Américains abandonnent la partie et retirent leurs troupes dans les contreforts de la dorsale tunisienne.
Désormais, la Tunisie est presque entièrement aux mains allemandes et les approches des plaines côtières sont bloquées.
Grace à une offensive rapide, le « Renard du désert » pense améliorer son ravitaillement et éroder la situation alliée sur son flanc en attaquant vers deux bases de ravitaillement américaines situées juste à l'ouest du versant occidental du massif de la dorsale tunisienne en Algérie.
Le 14 février, la 21e Panzerdivision attaque Sidi Bouzid. La bataille dure un jour mais l'utilisation trop parcimonieuse des blindés par les Américains conduit à leur défaite. À la fin de la journée, l'Afrika Korps est maître du terrain. Une contre-attaque américaine est facilement repoussée le lendemain et les Allemands reprennent leur offensive le 16 février avec pour objectif Sbeïtla.
Ne disposant plus d'un avantage défensif « terrain », les américains se replient et établissent de nouvelles lignes sur la partie occidentale des montagnes au niveau de la passe de Kasserine qui est plus facile à défendre.
À ce moment-là, les Américains ont déjà perdu 2 546 hommes, 103 chars, 280 véhicules, 18 canons de campagne, trois canons antichars et toute une batterie anti-aérienne.
Le 19 février, Rommel lance plusieurs patrouilles offensives et constate que la passe de Kasserine est le meilleur endroit pour envisager un assaut. Le lendemain, il dirige personnellement l'attaque menée par la toute nouvelle 10e Panzerdivision détachée par la 5e Panzerarmee déployée dans le nord.
Il espère ainsi capturer les dépôts de ravitaillement américains alors que la 21e Panzerdivision poursuit son attaque vers le nord à travers la trouée de Sbiba.
En quelques minutes, les lignes américaines sont percées. Leurs armes légères et chars légers ne font pas le poids. De plus, leur manque d'expérience dans la guerre blindée n'améliore pas leur situation.
Les Panzer IV et Tigre allemands mènent leurs attaques sans difficulté face aux chars américains M3 Lee et M3 Stuart disposant d'une puissance de feu moins importante et pilotés par des équipages bien moins expérimentés.
Le commandement américain est à nouveau dépassé par les événements. L'organisation de contre-attaques ou de barrage d'artillerie prend trop de temps et les Allemands ont déjà dépassé les positions des unités américaines qui doivent engager le combat.
Le scénario de l'offensive de début février se répète et la 1re division blindée américaine reçoit des ordres caducs. Dès le second jour de l'offensive, deux de ses trois groupements tactiques sont bousculés et le troisième est hors de combat.
Après avoir traversé la passe de Kasserine, les forces allemandes se scindent en deux colonnes. Erwin Rommel reste avec le groupe principal de la 10e Panzerdivision qui suit la route vers le nord en direction de Thala.
Afin de s'opposer à la force sud de Rommel, composée de troupes italiennes et allemandes, les restes du groupement tactique B de la 1re division blindée américaine se replient de trente kilomètres dans le but de les surprendre le lendemain (soit le 20 février).
Mais le groupement tactique B est bousculé une nouvelle fois et ne parvient pas à enrayer l'avance allemande. Le moral des troupes américaines commence à sérieusement décliner.
Au soir du 20 février, de nombreuses troupes se retirent en abandonnant leur équipement sur le terrain. La route est désormais grande ouverte et les dépôts de ravitaillement de Tébessa sont désormais à portée de main.
Dans la nuit du 21 février, des éléments de la 10e Panzerdivision se postent à proximité de Thala.
Si la ville tombe, la route la plus au sud vers Tébessa sera ouverte ; la 9e division d'infanterie américaine se retrouvera coupée de son ravitaillement et le groupement tactique B de la 1re division blindée sera encerclé entre la 10e Panzerdivision et les troupes italo-allemandes progressant le long de la route située plus au sud.
Au cours de cette nuit, de petites unités françaises, britanniques et américaines renforcent la garnison de Thala ainsi que toute l'artillerie de la 9e division d'infanterie, soit 48 pièces, après trois jours de marche. Lorsque la bataille reprend le lendemain, les défenseurs sont bien plus forts. En raison de ses lignes très étirées et du manque de ravitaillement, Rommel décide de stopper son offensive.
Craignant que la 8e armée britannique puisse traverser la ligne Mareth rapidement si elle n'est pas renforcée, le « renard du désert » désengage ses troupes et se replie vers l'est.
Le 23 février, une attaque aérienne américaine de grande envergure sur la passe de Kasserine précipite le repli des troupes de l'Axe et les Alliés reprennent la passe le 25 février.
Bien que la Luftwaffe enregistre de nombreuses victoires, le manque de ressources condamne l’Afrika Korps à la défaite. Les Bf-109 G du JG 53 et du JG 77 sont les derniers défenseurs de la Tunisie.
Bf 109G-4/Trop 1/48 Eduard
Bilan et conséquences
Pour Rommel, les troupes américaines sont de mauvaise qualité du fait à la fois de leur équipement et de leurs capacités. Ce n'est pas une menace pour lui.
Il décrit toutefois la défense de Sbeïtla par le second bataillon du 13e régiment blindé américain « intelligente et bien combattue ». Durant un certain temps, les Allemands utilisent un grand nombre de véhicules américains capturés.
Du côté américain, ce premier engagement désastreux entraîne une réaction immédiate. Le commandant du 2e corps américain, Lloyd Fredendall, est relevé de son commandement et ne prendra plus part à une action militaire.
Avant Kasserine, Fredendall avait fait creuser un vaste PC souterrain, mais situé à 120 km en arrière de la ligne de front.
Le général Omar Bradley disait de Fredendall : « C'est un vrai boulet pour tous les soldats américains».
Non seulement Fredendall ne visitait jamais le front, et ne prenait jamais l'avis des chefs d'unité qui étaient en première ligne, mais de plus il disséminait les troupes et les fragmentait en petits groupes postés trop loin les uns des autres. Ainsi isolés, les soldats américains ne pouvaient ni se porter assistance ni bénéficier des barrages d'artillerie. Or la puissance de feu de leur artillerie était le principal atout des Américains.
Le 6 mars, le général George Patton prend le commandement du 2e corps américain avec pour mission d'en améliorer l'efficacité. Bradley est nommé assistant du commandant de corps.
Plusieurs officiers sont promus ou retirés. Les commandants d'unité reçoivent plus de latitude pour prendre des décisions rapides en fonction de la situation sans avoir à en référer à la hiérarchie et ils sont incités à positionner leur poste de commandement près des lignes.
Des efforts sont faits pour améliorer la coordination de l'artillerie et du soutien aérien avec les troupes au sol, coordination qui a fait défaut durant cet épisode.
De son côté, le 2e corps américain change immédiatement sa doctrine d'engagement et utilise ses divisions en tant que grande unité et non plus en plusieurs groupes plus petits avec des missions séparées.
Cette bataille est la première rencontre à grande échelle des forces américaines et allemandes durant la Seconde Guerre mondiale.
Les troupes américaines sans expérience du feu sont envoyées au combat de façon maladroite par leur commandement.
Les conséquences sont dramatiques pour elles avec des pertes élevées et un repli de plus de 80 kilomètres par rapport à leurs positions d'origine à l'ouest.
Quelques semaines plus tard, lors de nouvelles batailles, les troupes américaines se révéleront bien plus efficaces.
LA CAMPAGNE DE TUNISIE : LA LIGNE MARETH
[Photos : Source Internet]
La ligne Mareth est un système de fortifications établies par les Français entre la ville de Mareth et les monts Matmata (Tunisie méridionale) avant la Seconde Guerre mondiale. Cette ligne joue un rôle important dans le déroulement des opérations pendant la campagne de Tunisie, de novembre 1942 à mai 1943.
Construite entre 1936 et 1940, elle est conçue pour défendre la Tunisie contre les tendances expansionnistes des Italiens depuis la Libye alors colonie italienne. Baptisée « ligne Maginot du désert », elle court sur 45 kilomètres en traversant la route côtière. Elle comporte quarante casemates d'infanterie, huit grandes casemates d'artillerie, quinze postes de commandement et 28 points d'appui.
Au lendemain de la bataille de France, ces ouvrages sont démilitarisés par une commission germano-italienne. À la suite de la défaite de ces derniers à la seconde bataille d'El Alamein, les ouvrages sont réarmés par l'Afrikakorps (novembre 1942 - mars 1943) pour retarder l'avance de la huitième armée britannique dirigée par le général Bernard Montgomery : 100 kilomètres de barbelés sont posés, 100 000 mines antichar, 70 000 mines antipersonnel et des abris sont mis en place et les ouvrages sont renforcés par des canons antichars et antiaériens.
De plus, la ligne Mareth étant judicieusement construite derrière l'oued Zigzaou, elle constitue un fossé antichar naturel.
Le 8 mars 1943, sur ordre personnel de Hitler, Rommel fait ses adieux et le 9 mars 1943, il quitte définitivement le sol africain en décollant de Sfax, en Tunisie, pour retourner en Allemagne, en passant par Rome.
Von Arnim se retrouve seul chef des forces allemandes en Tunisie.
La bataille de Mareth a lieu du 16 au 28 mars 1943. Elle coïncide avec la pression exercée alors au centre et au nord de la Tunisie par les forces alliées sur les forces de l'Axe. Effectivement, au même moment, les Alliés commencent à retrouver la suprématie aérienne et maritime dans le bassin méditerranéen.
Le 19 mars 1943, la 8e armée britannique assaille la ligne (Opération Pugilist). 160 000 Alliés affrontent 76 000 hommes de l'Axe. Les Britanniques, aidés de la colonne française du général Leclerc, échouent lors de leurs attaques frontales.
Montgomery lance une attaque majeure, baptisée opération Pugilist, contre la ligne Mareth dans la nuit du 19 mars au 20 mars 1943. Des éléments de la 50e division d'infanterie britannique enfoncent la ligne et établissent une tête de pont à l'ouest de Zarat les 20 et 21 mars. Mais une contre-attaque déterminée par la 15e Panzerdivision détruit la poche et rétablit la ligne le 22.
Après une contre-attaque manquée sur Médenine (Opération Capri), la ligne est occupée par les unités survivantes de l'Afrikakorps de Rommel devenues la première armée italienne (commandée par le général Giovanni Messe).
Bien que cette attaque britannique soit un échec, Montgomery envoie des corps d'armée, sous la direction du lieutenant général Brian Horrocks, avec la deuxième division néo-zélandaise de Bernard Freyberg, autour des collines de Matmata, pour contourner les positions ennemies.
Ce mouvement sur le flanc rend la ligne Mareth très difficile à tenir et contraint les Allemands à battre en retraite.
La 1ère DB coupe les lignes allemandes en deux.
Le lendemain, des unités allemandes et italiennes tentent de stopper l'avancée d'Horrocks, avec des batteries anti-chars stratégiquement placées pour gagner du temps dans la retraite.
En moins de 48 heures, les défenseurs de la ligne Mareth marchent sur 60 kilomètres vers le nord-ouest et installent de nouvelles positions défensives sur l'oued Akarit près de Gabès.
La 1ère armée germano-italienne qui vient de perdre 70 000 hommes bat en retraite en direction de Gabès que Montgomery prend le 6 avril, capturant 2 000 soldats de l’Axe et forçant le reste des troupes à se replier encore plus au nord.
Ce jour-là, après avoir abattu un Messerschmitt Bf 109, Eugeniusz Horbaczewski a posé en catastrophe à Gabès son Spitfire Mark IX après avoir été attaqué par un autre 109.
C’est au cours de cette bataille qu’est arrivé en Afrique le « Polish Fighting Team » qui sera actif du 15 mars au 22 juillet 1943.
En vue des préparatifs au débarquement, le Commandement allié a l'obligation d’améliorer la coopération entre l'armée de terre et l'armée de l'air. Or, en 1943, ce n'est qu'en Afrique du Nord que l'Armée de terre britannique se bat contre la Wehrmacht. La RAF décide d'envoyer en Tunisie des pilotes polonais dotés déjà d’une grande expérience du combat.
Dans ces circonstances est né le Polish Fighting Team (en polonais Polski Zespół Myśliwski) appelé également le Cirque de Skalski (Cyrk Skalskiego) car sous le commandement de Stanisław Skalski.
68 pilotes se portent volontaires ; les 15 meilleurs sont retenus dont Wacław Król, Bohdan Arct, Mieczysław Popek, Ludwik Martel, Władysław Drecki etc.
Les aviateurs embarquent à Glasgow pour arriver à Oran le 4 mars et le Team est officiellement affecté au 145 RAF Squadron. Dès le 15 mars, il reçoit des Spitfire VB Trop, et le lendemain, les pilotes effectuent les premiers vols de reconnaissance.
Les missions de combat commencent le 17 mars et six jours plus tard, le Team reçoit des Spitfire IXC.
Spitfire Mk.IXc early 1/48 eduard
Spitfire MK IXc 1/32 Tamiya
Les Polonais remportent leur première victoire le 28 mars ; le capitaine Skalski et le lieutenant Horbaczewski descendent chacun un Ju 88.
Le 20 avril, l'unité remporte son plus grand succès : six appareils abattus, un probable et un endommagé.
Le 6 mai, le Team connaît sa dernière victoire et le 8, il réalise son dernier vol opérationnel avec un palmarès de 25 victoires, 3 probables et 9 avions ennemis endommagés.
Douze jours plus tard, il est transféré à la base de Ben Gardane et est dissout le 22 juillet 1943.
Skalski devient commandant du 601e RAF squadron.
Avec le meilleur ouvrage défensif de la région aux mains des Britanniques et sans aucun signe de ralentissement de la 8e armée, Rommel retourné en Allemagne ne réussira toujours pas à convaincre Hitler d'abandonner la Tunisie et de replier l'Afrika Korps en Europe.
LE CREPUSCULE DU "DEUTCHES AFRIKAKORPS"
[Photos : Source Internet]
Le 6 avril 1943, la 8e armée a percé les lignes et forcé l'Afrika Korps à abandonner Gabès et à effectuer une retraite pour rejoindre les autres forces de l'Axe stationnées plus au nord.
Les collines faisant face aux forces américaines ont également été abandonnées, ce qui leur permet de faire la jonction avec les forces britanniques.
À ce stade, la bataille devient une guerre d'usure, sans Rommel.
La dernière étape pour libérer la Tunisie peut commencer.
Les forces germano-italiennes sont cantonnées derrière une ligne défensive au nord-est de Tunis et cherchent à protéger leurs lignes armées avec peu d'espoir de continuer la bataille très longtemps.
Les forces alliées se sont reconstituées, le 2e corps américain s'est positionné au nord, la 1re armée britannique au centre, et la 8e armée britannique au sud-est.
Pendant que les Alliés préparent leur prochain mouvement, les Allemands testent le centre britannique en lançant une attaque conduite par la division Hermann Göring dans la nuit du 20 au 21 avril.
Même s'ils parviennent à pénétrer de 8 kilomètres en certains points, ils ne peuvent provoquer de retraite générale et finalement rejoignent leurs lignes.
Le 22, la 46e division d'infanterie britannique recule : les pertes sont élevées des deux côtés mais les Britanniques avancent.
Le lendemain, le front allié tout entier attaque et, en trois jours, les lignes allemandes tombent.
Le 7 mai, l'armée britannique entre enfin à Tunis et l'infanterie américaine à Bizerte.
Mais, à Takrouna, dans le réduit du Djebel Zaghouan, les troupes de l'Axe résistent encore farouchement.
La 1re division française libre est en ligne face à la crête des Djebillat tenue par les grenadiers de la 90e Leichte Division.
Le 11 mai au matin, appuyés par l'artillerie du 1er régiment d'artillerie de marine, les bataillons de marche 4 et 5 passent à l'attaque pour s'emparer de la ligne de crête, le premier face aux blockhaus de la cote 136 ouest et le second face à ceux de la cote 150.
Les combats sont violents et les pertes élevées de part et d'autre, mais les objectifs des Français libres sont conquis dans la matinée.
Six jours plus tard, la dernière tentative de résistance de l'Axe en Afrique s'achève avec la reddition de plus de 168 000 combattants selon le général Kenneth Anderson, beaucoup d'entre eux tout juste arrivés de Sicile où ils auraient été plus utiles par la suite.
Le jeu désespéré de l'Axe a seulement retardé l'inévitable résultat, la défaite américaine à Kasserine étant peut-être la meilleure chose qui leur soit arrivée.
Avec une Afrique du Nord à présent aux mains des Alliés, les efforts vont rapidement être consacrés à l'invasion de la Sicile puis de l'Italie.
Le 13 mai 1943, un communiqué allié indique la fin de la guerre en Afrique du Nord :
« Il ne reste aucune force de l'Axe en Afrique du Nord qui ne soit prisonnière entre nos mains. Les derniers éléments des forces de l'Axe se sont rendus le 13 mai à 11 h 45 ».
EPILOGUE
Le 10 mai 1943, Rommel s'était entretenu longuement avec Adolf Hitler afin de lui faire accepter le retrait des troupes allemandes d'Afrique.
« Hitler se montra totalement fermé à tous mes arguments, qu'il élimina les uns après les autres, persuadé alors que je m'étais laissé envahir par le doute et le pessimisme. Je déclarai (…) qu'il fallait rééquiper l'armée d'Afrique en Italie et la mettre en état de défendre nos frontières méridionales d'Europe. »
Après avoir passé quelque temps en famille, Erwin Rommel est hospitalisé dans l'hôpital de Semmering.
Durant son séjour à l'hôpital, il apprend les mauvaises nouvelles en provenance de Tunisie.
Ces nouvelles renforcent dans son esprit le rejet des hautes autorités nazies, en lesquelles il ne croit plus, de Göring en particulier :
« Quant à ce gros lard, la situation tragique de nos armées ne semblait pas du tout le troubler. Il faisait alors la roue et se rengorgeait sous les grossières flatteries de tous les imbéciles qui composent sa cour, ne parlant que de bijoux et de tableaux. Une telle attitude m'aurait peut-être amusé à un autre moment, mais alors elle ne cessa de m'exaspérer. Goering était possédé d'une ambition absolument démesurée. Sa vanité et son orgueil ne connaissaient aucune limite. »
Le 5 novembre 1943, il est nommé inspecteur des fortifications à l'Ouest, le mur de l'Atlantique construit pour tenter d'interdire le débarquement des Alliés, devenu inéluctable, sur le littoral du nord-ouest de l'Europe.
Puis le 15 janvier 1944, il est nommé chef du groupe d'armées B, chargé de la défense des côtes de la Manche. Il installe alors son quartier-général au château de la Roche-Guyon, sur une boucle de la Seine, au nord-ouest de la région parisienne.
Après l'inspection du mur, en avril 1944, il déclare :
« Si vous pensez qu'ils arriveront par beau temps, en empruntant l'itinéraire le plus court et qu'ils vous préviendront à l'avance, vous vous trompez… Les Alliés débarqueront par un temps épouvantable en choisissant l'itinéraire le plus long… Le débarquement aura lieu ici, en Normandie, et ce jour sera le jour le plus long. »
Mais c’est une autre histoire…..
FIN